Affaire Péchier : Colette Arbez, l’anesthésiste sacrifiée, « dévastée » par les arrêts cardiaques de sept patients, elle a fini sa carrière loin du bloc

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Accusé d’avoir empoisonné plusieurs patients pour écarter une consœur, Frédéric Péchier fait face à de nouveaux témoignages accablants. Une anesthésiste, aujourd’hui en retraite et absente pour raisons médicales, est au cœur des débats : plusieurs collègues décrivent une femme brisée, tenue à l’écart après des incidents suspects.

Affaire Péchier : Colette Arbez, l’anesthésiste sacrifiée, « dévastée » par les arrêts cardiaques de sept patients,  elle a fini sa carrière loin du bloc

© Midjourney x What's up Doc

Autrefois « pétillante », elle a quitté la clinique « dévastée » après l’empoisonnement présumé de sept de ses patients : le « lourd tribut » payé par une ancienne collègue de Frédéric Péchier, qu’il aurait en outre voulu évincer, a été au centre des débats lundi devant la cour d’assises du Doubs.

Avant cette affaire, l’anesthésiste Colette Arbez – qui n’a pu venir témoigner elle-même, du fait de son état de santé – « était pétillante, un rayon de soleil », puis « petit à petit on a vu le soleil s’éteindre », a raconté l’infirmière Martine Moel.

Se reprochant des « erreurs » ayant conduit à sept drames, cette praticienne « rigoureuse » et « très attachée aux patients », selon les soignants, ne s’en remettra jamais. Elle a pris sa retraite pétrie de « honte » et de « culpabilité », selon l’avocate générale Christine de Curraize.

Des incidents ciblés, selon l’enquête

Depuis lundi, la cour se penche sur les arrêts cardiaques subis par trois de ses patients, en 2011 et 2012 – tous ont survécu.

Pour le directeur d’enquête Olivier Verguet, l’accusé Frédéric Péchier les aurait empoisonnés pour pousser Colette Arbez vers la sortie : « je ferai ce qu’il faut pour la faire partir », aurait-il glissé à un collègue.

Il aurait même conseillé à sa consœur, croisée à la clinique alors qu’elle était en fin d’arrêt maladie, de ne pas revenir – conseil qu’elle n’avait pas suivi. Le lendemain, jour de son retour au bloc opératoire, un de ses patients faisait un arrêt cardiaque.

Selon l’enquêteur, Colette Arbez estimait que Frédéric Péchier était « âpre au gain », et les deux anesthésistes « ne s’entendaient pas très bien ».

Retrait du bloc et redistribution des interventions

Après les drames, Colette Arbez avait été retirée des salles d’opération et affectée en fin de carrière aux consultations. Frédéric Péchier et deux autres collègues s’étaient alors réparti ses « blocs plus rémunérateurs », remarque le policier.

L’accusé était « particulièrement odieux » avec sa collègue, a témoigné l’infirmière anesthésiste Martine Moel : lors de l’arrêt cardiaque d’un patient de Colette Arbez, « on avait l’impression qu’il était au spectacle. Il nous regardait nous agiter dans tous les sens, comme si ça lui faisait plaisir ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/affaire-pechier-comment-ses-confreres-anesthesistes-ont-vecu-de-perdre-des-patients-sans

« C’est un ressenti que vous réinventez aujourd’hui », lui oppose l’avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer : « avec tout ce qui se passe, les gens ont tendance à en rajouter ».

Une autre anesthésiste de la clinique avait en revanche estimé que Frédéric Péchier « ne disait jamais de mal de Colette » et qu’il « avait proposé de l’aider ».

Le médecin de 53 ans doit répondre de 30 empoisonnements de patients, dont 12 sont morts, entre 2008 et 2017. Il a toujours clamé son innocence et comparaît libre. Le verdict est attendu le 10 décembre.

Avec AFP

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