
© Midjourney x What's up Doc
Pas d’accusé à la barre, mais un procès qui s’est quand même tenu ce mercredi 18 décembre, sur demande de la plaignante.
Les faits reprochés à Antoine Devulder sont graves : il est accusé d’avoir violée et violenté son ex-épouse à plusieurs reprises, entre 2015 et 2016.
Une audience qui intervient seulement deux semaines après un autre procès, pour violences sur une autre ex-compagne, pour lequel Antoine Devulder a été condamné à six mois de prison avec sursis.
Deux ans de calvaire
En dépit de l’absence du médecin, son ex-épouse Anne* a raconté aux juges deux années « traumatisantes », après un début de relation idyllique.
Début 2015, le couple déménage à Scaër, une petite commune du Finistère de 5 000 habitants où Antoine Devulder installe son cabinet. Anne, infirmière de profession, accepte de travailler pour lui. C’est le début des premières violences.
Le modus operandi de l’accusé est toujours le même, explique Le Télégramme : il exige un rapport sexuel, elle refuse, il la frappe, puis la viole.
« Il exigeait trois à quatre rapports sexuels par jours », explique la plaignante. « Il me disait souvent "dans dix minutes tu passes à la casserole". Je m’exécutais : il valait mieux dix minutes de calvaire qu’une heure de violence ».
Des violences qui continuent, malgré le mariage du couple en octobre 2015. Anne se souvient particulièrement de la soirée de nouvel an qui a suivi, chez des amis.
« À minuit, il m’a demandé de monter dans la chambre pour avoir un rapport sexuel. Comme je refusais, il a commencé à me frapper. Une amie s’est interposée et lui a dit d’arrêter. Après être monté dans la chambre, il est finalement descendu, nu, nous dire qu’il était hors de question qu’il démarre une nouvelle année sans sexe ».
15 ans de prison et un mandat d’arrêt
Après un ultime épisode de violence et un autre viol, Anne dépose plainte en décembre 2016. L’enquête révèlera que l’accusé avait déjà commis des actes similaires envers deux précédentes compagnes.
L’absence d’Antoine Devulder au tribunal ne surprend pas les magistrats : « lors du premier procès, en mars, il ne s’était déjà pas présenté. Aujourd’hui encore, il n’est pas là. Jusqu’au bout, il n’aura pas eu le courage d’assumer », a déclaré Marie-Noëlle Collobert, l’avocate générale, qui a requis 18 ans de réclusion criminelle.
Finalement, le médecin sera condamné à 15 ans de prison et à 3 000€ d’amende. Il devra également verser à la victime la somme de 15 000€. Un mandat d’arrêt a également été émis contre lui, puisqu’il demeure introuvable.
Aux abonnés absents
Selon les témoignages recueillis par Le Télégramme, Antoine Devulder a disparu depuis au moins quinze jours. « En mairie, nous avons reçu beaucoup de coups de téléphone venus de patients qui essaient de l’appeler, en vain (…). J’ai moi-même tenté de le joindre la semaine dernière car c’est aussi mon médecin, et je suis tombé sur son répondeur », a déclaré de maire de la commune, Jean-Yves Le Goff.
Son véhicule n’a pas été aperçu depuis plusieurs jours sur l’emplacement qui lui est réservé, et sa boite aux lettres déborde de courrier.
Le généraliste continuait à exercer, n’ayant pas été radié de l’Ordre, mais s’était fait discret depuis plusieurs années, selon un témoin. « En dehors de ses consultations, on pouvait parfois l’apercevoir dans un restaurant du bourg, où il déjeunait seul, à l’écart ».
En dehors du Dr Devulder, la commune de Scaër n’a qu’un seul médecin, qui doit partir à la retraite à la fin du mois. Un nouveau praticien est attendu début 2025.
Source:
Le Télégramme
A voir aussi

#MeTooHôpital : un documentaire, diffusé le 19 août, sur le combat des victimes de médecins que la justice et l’Ordre ont abandonné
