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« Il y a un vrai problème de maintien à domicile dans ce pays, notamment pour que les personnes âgées puissent rester chez elles. On n’arrête pas de construire des Ehpad, mais la volonté de la population, c’est d’être soignée chez elle. » Tel est le constat dressé par le Dr Jacques Battistoni, le président de MG France, lors d’une conférence de presse le 15 janvier dernier, après avoir évoqué les samedis noirs et le service d’accès aux soins (SAS).
Or, pour permettre à ces personnes âgées d’être soignées chez elles, il faut, pour MG France, lever des freins. Le premier d’entre eux étant la chute du nombre de visites à domicile depuis plusieurs années. La situation est en effet préoccupante pour Jacques Battistoni :
« Depuis environ 2003, on a éliminé toutes les visites qui étaient entre guillemets "de confort", donc on n’est plus sur des visites de confort, mais sur des visites indispensables. Et, si on ne les fait pas, les gens sont coincés, vont à l’hôpital, appellent SOS Médecins quand c’est possible... Donc, on est sur une mauvaise organisation de soins. »
Un acte complexe
Pour le président de MG France, le tarif de la visite de base est sans l’ombre d’un doute l’une des raisons de la chute des visites : « La visite à domicile est un acte complexe qui se fait au tarif de l’acte simple, donc il y a quelque chose qui ne va pas. On a déjà valorisé des actes complexes autrement plus anecdotiques. Et, là, on est sur du très concret, donc le tarif de base de la visite, si on veut qu’elle continue à s’exercer, doit être valorisé. »
Pour MG France, c’est aussi la raison pour laquelle de nombreuses personnes âgées ont du mal à trouver un médecin traitant. « Les médecins ne veulent plus faire de visites parce que cela leur prend trop de temps, donc ils déclinent l’inscription en médecin traitant de ces personnes âgées », considère Jean-Louis Bensoussan, le secrétaire général de MG France.
Et la vice-présidente du syndicat, le Dr Marguerite Barder-Bayart, d’abonder : « Ce n’est pas rentable de faire des visites. Autrefois quand je faisais des matinées de visite, j’arrivais à faire 10 à 12 visites. Maintenant, j’en fais 7 ou 8 maximum. Et encore je cours, en partant à 8h et en arrivant à 13h. »
Si bien que les médecins réfléchissent à deux fois quand les personnes âgées les appellent pour leur demander d’être leur médecin traitant, en particulier« quand vous savez qu’il y a beaucoup de kilomètres à faire, et que vous regardez les pathologies et les complications éventuelles… », a poursuivi Marguerite Barder-Bayart.
Tarifs plus incitatifs ?
Aujourd’hui, le tarif de la consultation est de 25 euros, contre 35 euros pour la visite. Or, « c’est inacceptable qu’il y ait si peu d’écart, car, aujourd’hui, une visite dure régulièrement trois quarts d’heure, voire une heure, estime Jacques Battistoni. Faire tout cela pour 35 euros, ce n’est pas incitatif, donc les tarifs doivent redevenir incitatifs. »
Une revalorisation qui devrait être de 5 à 10 euros supplémentaires minimum, selon Jacques Battistoni qui pense également que « la visite standard doit être impérativement valorisée pour qu’elle soit bien plus incitative que le tarif de la consultation actuelle ».
Même son de cloche sur ce dernier point du côté du SML (Syndicat des médecins libéraux) qui a réclamé des avancées tarifaires en 2020, lors de sa conférence de presse de rentrée le 22 janvier. Pour le syndicat, « il n'est pas possible d'envisager une nouvelle année sans perspective tarifaire », précise le communiqué de presse.
Nouvelle négociation
Pour le SML, la valeur de l'acte de base commun aux généralistes et aux spécialistes (C à 23 € pour la consultation de base, G du généraliste, GS du spécialiste à 25 €) n’ont « plus de sens avec la réalité des prix ». Et d’évoquer le cas de l'Égypte, « pays qui ne brille pourtant pas dans les classements et les palmarès en matière de dépenses de santé », où le tarif de la consultation de base est de 27,50 €.
« Avec 10 ans d'études, les médecins méritent d'être payés un juste prix. C'est légitime », estime le syndicat qui préconise l’instauration de nouvelles consultations ou visites complexes VL à 70 euros et pense « qu’une nouvelle négociation conventionnelle portant sur les tarifs médicaux s’impose », au moment où s'ouvre le chantier de la rénovation de la CCAM.
Enfin, le SML milite pour l’instauration d’une majoration de 15 € pour toute consultation non programmée sur appel d’une régulation de préférence libérale. Mais aussi un tarif de visite longue à 70 € pour se rendre au chevet des patients en ALD (affections de longue durée) et des plus de 80 ans, « ce qui limitera le recours aux urgences ».