Une startup veut attirer les patients étrangers en France

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Indigomed, le tourisme médical 2.0

Une startup veut attirer les patients étrangers en France

Une startup cherche depuis le mois de février à accompagner les patients étrangers vers la France, où ils trouvent parfois des traitements hospitaliers meilleur marché. Voilà matière à polémique, tant le tourisme médical reste chez nous un sujet sulfureux.

 

Vous vous rappelez de l’affaire de l’émir qui avait privatisé neuf chambres à l’hôpital Ambroise Paré en 2014 ? Il se pourrait que le sujet du tourisme médical en France revienne sur le tapis. Une jeune entreprise joliment baptisée Indigomed propose en effet depuis février dernier aux patients des quatre coins du monde de les guider dans les arcanes du système de santé français.

Alors, l’Airbnb du tourisme médical est-il né, comme le suggérait la presse généraliste la semaine dernière ? Pas si sûr. Car Indigomed refuse de se laisser réduire à un simple rôle de mise en relation.

« Les hôpitaux européens ne sont pas particulièrement organisés »

« En général, les hôpitaux européens ne sont pas particulièrement organisés pour accueillir les patients internationaux de manière professionnelle », explique Massimo di Cicilia, PDG de la boîte.

La startup espère offrir un véritable service d’accompagnement. Côté patient, les prestations comprennent une aide à la préparation du voyage médical, à la traduction du dossier, au choix du bon établissement… Côté hôpital, la jeune entreprise assure effectuer des séances de formation avec notamment la direction générale et les services concernés.

« Ce ne sont pas des VIP »

Ensuite, c’est au patient (ou son assureur) de payer le service. « Ce ne sont pas des VIP, ce sont plutôt des gens de la la classe moyenne qui ont des difficultés à trouver le traitement dont ils ont besoin chez eux, ou chez qui le traitement coûte dix fois plus cher qu’en Europe », explique Massimo di Cicilia.

Parmi les pays d’origine de ses clients, le PDG cite l’Australie, les Etats-Unis et plusieurs Etats du Proche-Orient. Il revendique des partenariats avec 37 établissements français, mais le site de l’entreprise n’en affiche que dix.

« Nous avons découvert avec vous ce "partenariat" »

Ceux-ci semblent peu enclins à s’étendre sur le sujet. Contacté par la rédaction, Bernard Blanchard, directeur de la communication du Groupe Hospitalier Diaconesses-Croix-Saint-Simon, semble découvrir qu’il fait partie des établissements mis en avant par la startup. « Nous avons découvert avec vous ce "partenariat" », déclare-t-il. « Comme de nombreux sites proposant des services de santé au public, il semble qu’Indigomed crée des fiches d’établissement sans avoir eu aucun contact préalable. » Celui-ci ne ferme d’ailleurs pas la porte à toute discussion. « L’initiative reste intéressante », remarque-t-il, un poil ambigu.

Il faut croire que le sujet de l'accueil des patients étranger met les dirigeants hospitaliers plutôt mal à l'aise, car Massimo di Cicilia assure qu'il a été en contact avec plusieurs dirigeants du GH Diaconesses-Croix-Saint-Simon... mais pas avec M. Blanchard. L’AP-HP demeure de son côté très prudente. « Au stade où en sont les discussions, il nous apparaît prématuré de communiquer sur le sujet », indique-t-on du côté du mastodonte parisien qui compte quatre établissements fichés par Indigomed.

Du lard ou du cochon ?

De deux choses l’une : soit Indigomed (qui reconnaît n’avoir guidé que sept patients étrangers vers la France depuis février) survend légèrement ses prestations, soit les hôpitaux partenaires préfèrent pour l’instant parler d’autre chose.

Etant donné le tollé qu’avait suscité l’affaire de l’émir, on les comprend.

Source:

Adrien Renaud

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