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Face au refus des républicains de prolonger ces subventions liées au programme d’assurance santé « Obamacare », sa facture mensuelle passera de 500 dollars par mois à environ 1 300 (1 100 euros).
« C’est plus que le double », peste ce céréalier de 58 ans, qui pourrait en conséquence retarder des travaux sur sa ferme.
Comme lui, plus de 20 millions d’Américains des classes populaires et moyennes vont faire face en 2026 à une nette augmentation du coût de leur assurance santé à cause de la fin de ces aides, au moment même où ils sont déjà confrontés à une inflation persistante.
« C’est stressant pour beaucoup de gens », confie à l’AFP Audrey Horn, jeune retraitée du Nebraska qui paiera 300 dollars de plus.
« La plupart des gens ne peuvent pas se permettre qu’une de leurs factures augmente » d’autant, s’agace-t-elle.
Puiser dans l’épargne
Pour leur première cotisation de janvier, elle et son mari, qui travaille dans une petite entreprise de BTP où il est payé à l’heure, vont « puiser dans (s)on épargne retraite », explique-t-elle.
« L’année prochaine, nous n’irons probablement pas autant au restaurant, même si nous ne le faisions déjà pas beaucoup (…) Et je vais continuer à conduire ma vieille Honda de 2008 pendant encore quelques années », dit-elle.
Créé en 2010 sous l’ex-président Barack Obama, l’« Obamacare » a permis à des millions de personnes qui n’avaient jusqu’ici pas accès à une couverture santé pour diverses raisons d’en bénéficier.
Ce programme prévoyait notamment des aides financières qui ont été élargies et renforcées pendant la pandémie de Covid-19. C’est ce coup de pouce temporaire qui prend fin.
Ce dossier a été au cœur du bras de fer entre le camp présidentiel et les opposants démocrates lors de la paralysie budgétaire de l’automne, le « shutdown ».
Les démocrates demandaient la prolongation de ces subventions renforcées, ce à quoi se sont opposés les républicains, arguant qu’elles coûtent trop cher au contribuable, ont fait l’objet d’abus et ont échoué à maîtriser la hausse des prix de l’assurance santé.
« C’est extrêmement frustrant que ces subventions soient supprimées pour accorder des allègements fiscaux aux millionnaires », tance Andrea Deutsch, patronne d’une boutique de vente d’accessoires pour animaux en Pennsylvanie, en référence à un texte adopté en ce sens par le Congrès.
« Personne ne gagne à ce que des gens perdent leur assurance, personne », tempête-t-elle auprès de l’AFP.
Recul historique
Pour elle qui souffre de diabète de type 1 depuis l’enfance, l’adoption de l’« Obamacare » a « changé (s)a vie ». Pour 2026, elle s’est donc résignée à l’idée de débourser 160 dollars de plus par mois pour son assurance.
Mais d’autres devraient tout simplement renoncer : selon une estimation gouvernementale, l’expiration des aides devrait pousser quatre millions d’Américains à ne plus s’assurer dans les dix prochaines années.
En parallèle, dix millions d’Américains perdront leur couverture santé à cause notamment de la grande loi budgétaire de Donald Trump passée à l’été, analyse Matt McGough, expert du centre de réflexion américain KFF.
Tous ces changements aboutissent au « plus important recul en matière de couverture santé de l’histoire des États-Unis », insiste-t-il auprès de l’AFP.
Une telle situation pourrait entraîner une hausse de la mortalité et des coûts de santé pour tous les Américains, les assurés payant pour les impayés des non-assurés, prévient-il.
Mais les choses pourraient encore changer.
S’ils refusent toujours de prolonger les aides, les républicains tentent de trouver une solution pour limiter l’explosion des coûts, à moins d’un an des élections législatives de mi-mandat au cours desquelles ils espèrent préserver leur majorité.
D’autant que le sujet est agité par l’opposition démocrate, qui en fait son cheval de bataille.
Face à ce risque, Donald Trump a évoqué l’idée de convoquer les patrons des assurances santé à sa résidence Mar-a-Lago en Floride où il passe les fêtes « pour voir s’ils peuvent baisser les prix ».
Avec AFP
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