Tour de vis sur l’intérim médical, fermetures de services, le gouvernement tente de rassurer

Article Article

Le tour de vis sur l'intérim médical, entré en vigueur hier, provoque déjà quelques fermetures de services dans de petits hôpitaux, mais le gouvernement assure qu'"aucun patient ne sera sans solution" au moins jusqu'à fin avril.

Tour de vis sur l’intérim médical, fermetures de services, le gouvernement tente de rassurer

© IStock 

Annoncé depuis des mois, le plafonnement du tarif des médecins intérimaires (1 390 euros brut pour une garde de 24 heures) ouvre une période d'incertitude pour l'hôpital public. Dépendant de cette pratique coûteuse (1,5 milliard d'euros par an), le secteur s'est organisé tant bien que mal pour pallier le manque.

"Nous avons des solutions pour les trois premières semaines d'avril", a affirmé François Braun sur BFMTV et RMC. Depuis Paris, "on suit l'affaire deux fois par jour", a ajouté le ministre de la Santé, assurant que "les plannings sont remplis" et qu'"il n'y a pas de service qui va fermer de façon sèche".

Propos légèrement nuancé ensuite dans un tweet promettant qu'"aucun patient ne sera laissé sans solution". Car sur le terrain, certains n'ont pas réussi à "franchir le cap", pour reprendre une expression du ministre.

Au moins deux maternités ont ainsi suspendu depuis plusieurs jours leurs accouchements. Celle de Sarlat (Dordogne), qui fonctionnait avec 70% d'obstétriciens en intérim, "réoriente temporairement la prise en charge" vers Bergerac, Périgueux et Brive "pour les deux premières semaines d'avril", selon l'agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine.

"La vingtaine de mamans" identifiées comme devant y accoucher sur cette période "ont été informées" et ont pu choisir parmi ces trois sites distants de 50 à 80 kilomètres.

Même décision à Sedan (Ardennes), "en l'absence d'anesthésistes réanimateurs", explique l'ARS Grand Est, même si une sage-femme y reste disponible en permanence pour assister les femmes enceintes qui se présenteraient en urgence.

"Le travail se poursuit avec les équipes et les élus pour recruter des professionnels", précise l'agence, qui fera "un nouveau point de situation d'ici deux semaines".

Ces cas isolés restent pour l'heure peu nombreux, au regard des 167 services "menacés de fermeture imminente" le SNMRH

Le couperet est aussi tombé sur les urgences de Feurs (Loire), qui ont dû fermer sine die. Le service tournait avec dix médecins, dont cinq intérimaires, qui "n'acceptent pas le plafonnement de leur rémunération" selon le directeur Edmond Mackowiak.

Dimanche, comme chaque jour depuis une semaine, 300 personnes s'étaient rassemblées devant l'hôpital de cette ville de 8 000 habitants. En vain : les patients de l'unité de courte durée ont été transférés à Montbrison, à une vingtaine de kilomètres.

Dans l'Ardèche aussi, l'hôpital d'Aubenas n'a eu d'autre choix, "après avoir recherché toutes les alternatives possibles", que d'annoncer par communiqué la "fermeture exceptionnelle" de ses urgences "toutes les nuits d'avril" à partir de 18H30.

En dehors des horaires d'ouverture, "le Samu apportera la réponse adaptée" et "orientera en cas de besoin vers un autre centre hospitalier", ajoute la direction.

Situation similaire à Vittel (Vosges), dont les urgences vont fermer la nuit et le weekend "jusqu'au 17 avril", malgré la garantie du gouvernement "qu'il n'y aurait pas de dégradation du service", déplore le maire Franck Perry, qui réclame "que la parole de l'Etat soit respectée".

Ces cas isolés restent pour l'heure peu nombreux, au regard des 167 services "menacés de fermeture imminente" recensés par le Syndicat national des médecins remplaçants hospitaliers (SNMRH), hostile à "tout plafonnement" des tarifs de l'intérim.

Cette organisation a pointé sur Twitter le cas du centre hospitalier de Bastia, contraint de réduire la voilure dans plusieurs spécialités, dont les soins continus et la neurochirurgie.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/jai-teste-linterim-non-pas-pour-largent-mais-pour-decouvrir-dautres-facons-de-travailler

"On est impacté", reconnaît son directeur Christophe Arnould, contacté par l'AFP. Le chef de l'établissement de Haute-Corse soutient toutefois que "la situation d'avril est gérée" pour "l'ensemble des filières de soins".

"Maintenant, on travaille sur mai-juin, en attendant la période estivale", ajoute-t-il, espérant "que le marché va se réguler d'ici là".

Un pari que semble faire aussi le ministre Braun, qui "ne doute pas que de nombreux intérimaires reviennent" après quelques semaines de flottement.

Avec AFP

Les gros dossiers

+ De gros dossiers