Simuler pour mieux soigner

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L’« Homo ludens » est entré dans la sphère médicale.
Jeux d’acteurs, blocs opératoires 2.0, serious-games…
Avec la simulation en santé, les étudiants et les médecins
jouent en effet au docteur virtuel !

Simuler pour mieux soigner

Méthode pédagogique largement pratiquée dans les pays anglosaxons et déjà implantée dans les secteurs d’activité à haut risque en France, elle s’impose comme une évidence dans l’apprentissage et le perfectionnement des professionnels de santé.

Qu’est-ce que la simulation en santé ? Il s’agit de reproduire des situations ou des environnements de soin, en utilisant du matériel (mannequin, simulateur procédural…), la réalité virtuelle, un acteur (patient standardisé), pour permettre à des professionnels de répéter des gestes ou des situations dans la logique « jamais la première fois sur le patient ».

L’apprentissage par simulation est déjà incontournable dans des activités à haut risque comme l’aéronautique, le nucléaire, ou l’armée.
Cette technique est également en train de devenir incontournable dans le domaine de la santé, pour l'enseignement de procédures diagnostiques et thérapeutiques, et l’acquisition d’expérience.
Activité phare du CHU d'Angers, dont le centre CeSAR est reconnu depuis plusieurs années, la simulation est actuellement la méthode recommandée par la Haute Autorité de santé (HAS). Elle doit se développer à partir des sites hospitalouniversitaires, et diffuser vers tous les professionnels.

La simulation en santé, c'est un accélérateur d’innovation pour relever des défis pédagogiques, scientifiques et technologiques.
L'enjeu pédagogique principal est de nature éthique, car la simulation doit permettre à tous les étudiants de s’entraîner virtuellement avant de prendre en charge de « vrais » patients. Le défi scientifique consiste à développer la recherche en pédagogie, à l’interface des sciences cliniques, des sciences humaines et sociales, et des technosciences. Enfin, il y a un véritable défi technologique à relever, dans le cadre de partenariats avec des entreprises privées, pour développer des outils innovants et adaptés.

Cette pédagogie d'avenir associe enseignement, recherche, travail d’équipe et technologies de pointe. En formation initiale, elle permet aux étudiants médicaux et paramédicaux d’acquérir de l’expérience grâce à la reproduction de gestes et à des mises en situation. À distance du soin réel, elle facilite la compréhension des processus, des mécanismes de prise de décision, et permet l’évaluation des connaissances. En formation continue, elle constitue un atout certain pour se perfectionner et prendre du recul sur sa pratique, autour de scénarios faisant intervenir différents corps de métiers…

Il s'agit aussi d'un outil de décloisonnement entre institutions et professionnels. Véritable challenge pour les établissements et les universités, elle s'inscrit dans une dynamique hospitalo-universitaire forte. Certains CHU et universités constituent actuellement des plates-formes communes pour optimiser leurs ressources et les compétences disponibles, encore rares, afin de former un
maximum d'étudiants et de professionnels de santé grâce à cette technique innovante.

Enfin, il est extrêmement probable que d’ici quelques années, à l'instar des pilotes d’avion, les médecins ne pourront exercer qu’après un certain nombre d’heures sur simulateur.
À rebours du discours habituel sur le déclin de l’enseignement, le développement de la simulation en santé constitue un formidable facteur d’optimisme sur la capacité d’adaptation des facultés et des CHU, et sur le plaisir d’apprendre en jouant… de manière sérieuse.

* Yann Bubien est directeur général du CHU d’Angers

DES RAPPORTS À LIRE POUR EN SAVOIR PLUS :
• État de l'art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé, HAS, Pr Jean-Claude Granry et Dr Marie-Christine Moll, 2012
• Guide des bonnes pratiques en matière de simulation en santé, HAS, Pr Jean-Claude Granry et Dr Marie-Christine Moll, 2012

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