Québec : super infirmiers cherchent super médecins pour délégation de tâche

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Mais pas à n’importe quel prix

Québec : super infirmiers cherchent super médecins pour délégation de tâche

Depuis 2011 à Québec, une clinique dirigée par des infirmières praticiennes accueille des patients de première ligne. Bobologie et petits rhumes, ces super infirmières sont là pour désengorger les urgences et permettre aux médecins de consacrer plus de temps au suivi des patients. Et si ce modèle québécois nous faisait réfléchir ? 

 

Chez les soignants, il y a une expression un peu taboue que l’on ne prononce pas souvent à haute voix : « Délégation des tâches ». Côté médecins, on ne prend pas le temps d’y penser. Côté infirmiers on ne sait pas trop si ce serait une bonne idée de soulever le problème. Pourtant, ce concept connait de nouvelles applications aux Etats-Unis, et plus généralement au Québec. Et si on s’y mettait ? 

En 2011, Québec a vu la création de sa première « clinique sans médecins » : la clinique SABSA. Le but était simple : répondre à l’engorgement des urgences et solutionner les problèmes d’accès à un médecin.

« C’est un vrai plus puisque notre patientèle n’a, dans 95 % des cas, pas besoin de consulter un généraliste», explique Isabelle Têtu, infirmière praticienne à l’origine du projet. « Notre clinique est viable économiquement, et elle permet également à des patients en difficultés financière de bénéficier de soins de base », ajoute-t-elle. En effet, seule une cotisation de 10 dollars canadiens est demandée aux patients. 

Récemment, les Montréalais ont eux aussi sollicité la construction de ces centres de soins à taille humaine. Pourtant, pour des raisons économiques, le gouvernement québécois a opposé une fin de non-recevoir à la création d’autres structures.

Le protocole ASALEE, un premier pas timide

Côté français, si la création de dispensaires similaires n’a jamais été évoquée, le problème de la délégation des tâches a déjà été abordé. Il a notamment mené en 2011 à la création, via l’ARS Poitou-Charentes, du protocole ASALEE (Action de santé libérale en équipe). Le protocole dit « de coopération », permet aux infirmiers d’élargir leurs compétences, notamment en terme de prescriptions. Ils peuvent également réaliser des actes à visée thérapeutique, préventive et diagnostique, dans les cas de traitement du diabète de type 2 par exemple. Une petite évolution dont le but est clair : alléger la charge de travail du médecin, et lui permettre de passer un peu plus de temps avec ses patients. 

Pourtant la route semble encore longue avant que la majorité des infirmiers puissent élargir leurs horizons professionnels. « Chez les infirmiers, on est partagés entre l’envie de réaliser certains actes médicaux ou prescriptions et l’inquiétude de voir nos compétences augmenter sans que le salaire suive », raconte Auriane, infirmière libérale dans la région de Toulouse. « Il m’est arrivé une fois d’avoir un patient qui nécessitait urgemment la réalisation d’un acte médical, mais quand le médecin n’est pas dispo dans la seconde, il faut agir, on est avant tout au service du patientOn doit parfois choisir entre exercice illégal de la médecine et non assistance à personne en danger. »

Source:

Johana Hallmann

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