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Professeur de médecine et député LR, Philippe Juvin appelle à dépasser les logiques strictement administratives qui encadrent aujourd’hui le recrutement des praticiens étrangers. Alors que les besoins explosent dans les territoires, l’ancien chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou estime qu’il faut « faire venir davantage de médecins étrangers » et organiser cette immigration autour des besoins réels du système de santé.
Selon lui, les chiffres parlent d’eux-mêmes : « Les médecins diplômés à l’étranger hors Union européenne (…) étaient 8 000 en 2010. Ils sont 19 000 en exercice aujourd’hui. (…) Sans eux, notre système de santé s’arrête. »
Le problème, c’est que les pouvoirs publics ne suivent pas. « En 2023, ils étaient 20 000 candidats à vouloir venir exercer en France. À l’issue du concours, on en avait pris 2 700. Pourquoi 2 700 ? Pourquoi pas 6 000 ou davantage s’ils sont au niveau ? Personne n’en sait rien », déplore-t-il, dénonçant une vision « uniquement administrative » du ministère de la Santé.
Une réponse concrète aux déserts médicaux
Les Padhue représentent pour Phillipe Juvin, une solution rapide et réaliste à la désertification médicale. « Ce sont des médecins qui peuvent arriver très vite. En seulement deux ans, vous pouvez avoir un médecin formé », explique-t-il. Encore faut-il, selon lui, que l’État s’engage clairement dans cette voie, tout en poursuivant l’effort de formation initiale via le relèvement du numerus clausus.
Il balaie aussi les craintes de concurrence vis-à-vis des jeunes médecins français : « La France sera confrontée à un déficit de médecins dans les vingt années à venir. (…) Nous n’aurons pas de sitôt un surplus de médecins ! »
Une immigration qualifiée et choisie
Favorable à une immigration ciblée et qualifiée, le médecin insiste sur la nécessité d’un apport utile à la collectivité : « Médecins ou infirmières, on a besoin de gens qualifiés. Le problème, c’est que notre immigration est aujourd’hui une des moins qualifiées de l’Union européenne. » Un tacle adressé en creux à son propre camp, alors que Bruno Retailleau, président des Républicains, déclare régulièrement son hostilité à l’immigration.