Pr Christian Cabrol

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Professeur d’anatomie et de chirurgie cardiovasculaire,
Président de l’association ADICARE (Association pour le développement et l’innovation en cardiologie, recherche et enseignement)

Pr Christian Cabrol

Quelle est la première fois où…

…tu as eu l’idée de faire médecine ?

Je vivais à la campagne, mes parents étaient cultivateurs et mon grand-père était médecin de campagne. J’ai trouvé que mes parents travaillaient beaucoup quand mon grand-père paraissait avoir une vie fantastique : il se promenait dans sa voiture pour aller voir les malades et tout le monde l’aimait bien. Il n’avait pas de problème. Je me suis donc dit : « pas cultivateur comme mes parents mais médecin comme mon grand-père ! ».

…tu as examiné un patient ?

En première année de médecine, nous étions tous les matins à l’hôpital, sous la direction d’un ancien interne qu’on appelait alors « chef de clinique » parce qu’il s’occupait des élèves. Il nous montrait ce qu’étaient les maladies, les malades, comment les soigner. Nous avions les cours l’après-midi, mais nous apprenions beaucoup à l’hôpital.

…tu as voulu faire de la chirurgie cardiovasculaire ?

En début d’internat, je suis passé chez un chirurgien qui était professeur d’anatomie et qui m’a dit « Ce serait intéressant que tu fasses un travail d’anatomie sur le poumon. On fait des opérations de plus en plus précises. On n’enlève plus tout un poumon ni même un lobe. On enlève des portions, des segments, et cette anatomie n’est pas bien définie ». C’est un travail qui devait durer cinq-six mois pour une cinquantaine de pages. Ça a duré quatre ans et nous avons fait deux livres qui sont toujours la référence dans ce domaine ! C’est ainsi que je me suis orienté vers la chirurgie pulmonaire, puis vers la chirurgie cardiaque après être passé dans un service où le patron faisait les deux. Ça m’a passionné !

…tu as pensé à arrêter l’activité clinique ?

A l’Assistance Publique, ils avaient un âge de la retraite bien défini ! A moment donné, on vous dit que vous pouvez demander votre retraite, que votre activité doit s’arrêter. Ce n’est pas moi qui ai choisi ce moment, c’est l’hôpital et la faculté ! Donc quand je suis arrivé à la limite d’âge, j’ai arrêté de soigner des malades. Pas avant.

 

Et la dernière fois que…

…tu as examiné un patient ?

C’était pile l’époque où on m’a dit que je « pouvais » prendre ma retraite !

…tu n’as pas su faire face à une situation ?

Je ne m’en souviens pas précisément, mais c’est tout à fait normal ! Quand on essaie de soigner certains malades et qu’on n’y arrive pas, surtout dans une spécialité comme la mienne, c’est là qu’on essaie de nouvelles choses et c’est comme ça que la science avance.

…tu as été ému ?

Mon but essentiel a été de créer un outil dont tous les patients pourraient bénéficier. Arriver à créer une institution qui proposerait des soins de qualité en regroupant dans un même lieu tous les acteurs qui s’occupent des maladies cardiaques. Pour ne pas soigner un malade, mais beaucoup de malades et surtout les guérir ! L’Institut de cardiologie de l’association ADICARE a ouvert en février 2000. Nous avons attendu que tout se mette en place, et quand j’ai voulu obtenir que quelqu’un vienne pour l’inaugurer, eh bien personne n’est venu, tout le monde s’est défilé… Par conséquent, il n’a pas été inauguré, mais tant pis, ça marchait quand même. Cela m’a fait de la peine. Et j’avais noté dans mon cahier « une fois encore, comme lors de la pose de sa première pierre, l’Institut de cardiologie ne reçut pas la mesure présidentielle, mais une fois de plus, il s’en passa ! »

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