Pétition : trois médecins poursuivent trois politiques

What's up Doc. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez décidé de lancer cette pétition ? 

 
Lucien Cavelier. Nous assistons depuis des années au naufrage du système de santé français. Quand la pandémie est arrivée sur le sol français, très rapidement, les observateurs se sont dit que ça allait très mal se passer. Le système de santé français n’était pas préparé, du fait des restrictions imposées à l’hôpital français. J’étais très, très inquiet. La séquence concernant les masques a été extrêmement calamiteuse, on ne va pas se mentir. Il était impossible d'avoir un consensus sur cette question. C’était une gestion très mauvaise. En 2018-2019 santé publique France avait déjà averti qu’il fallait renouveler le stock de masques, mais rien n’avait été fait. Quand la pandémie a touché la France, il y a eu un enchaînement de mesures et de faits qui m’ont profondément scandalisé. C’est à ce moment que j’ai vu que des médecins regroupés dans le collectif du C19, à savoir trois médecins généralistes, avaient déposé une plainte contre Agnès Buzyn, Édouard Philippe, et Olivier Véran. C’était le 19 mars, suite aux déclarations d’Agnès Buzyn dans la presse, affirmant qu’elle savait que l'arrivée du Covid19 en France allait être catastrophique, mais elle n'a absolument rien fait pour prévenir cette catastrophe. J’ai alors décidé de mettre en ligne cette pétition pour soutenir les collègues du collectif C19 mais aussi pour les inscrire dans un mouvement citoyen.
 

WUD. Que recherchez-vous en créant cette pétition ?

 
L. C. Quand j’ai vu que les médecins du C19 portaient plainte contre le gouvernement, je me suis dit que cette plainte ne concernait pas seulement les médecins. Déposer plainte est un acte courageux, ce n’est pas rien. Les médecins peuvent encourir des pressions, des actes de rétorsion... Je me suis dit qu’il fallait qu’on fasse bloc derrière eux, et que l’on reste solidaire. Quand on n'est pas connu, comme je le suis, le seul moyen de se faire entendre c’est de monter une pétition. J’ai donc écrit un texte, qui est généreux, un peu véhément, et incite à la solidarité. L’idée était de monter un bloc populaire et solidaire derrière c’est trois médecins.
 

WUD. Aviez-vous d’autres objectifs en lançant cette pétition ?

 
L. C. Nous n’avons plus la possibilité de nous faire entendre, la seule chose qu’il nous reste, sans tomber dans la violence, pour nous faire entendre, est la pression populaire. Nous constatons que la pression populaire fonctionne encore. Pour faire bouger ce gouvernement qui n’est pas du tout aligné sur des objectifs d’intérêt général, il faut user de la pression populaire. Ça ne marche pas toujours, mais il faut essayer. Je ne pensais pas que ma pétition aller rencontrer autant de succès.

« Nous soutiendrons les médecins qui attaquent E​.​ Philippe, A. Buzyn et O. Véran en justice ! »

WUD. Justement combien l'ont signé ?

 
L. C. Actuellement, nous en sommes à 530 000. Je ne m’attendais pas du tout à un succès pareil. Nous en avons fait plus de 350 000 en 10 jours, c’est pas mal, je ne pensais pas qu’il y en aurait autant. La pression populaire a pris la forme rêvée. Les médias ont aussi parlé de cette pétition et nous savons maintenant qu’elle est connue, jusqu’au plus haut sommet de l’État. 
 

WUD. Avez-vous eu un contact ou des retours de la part des autorités compétentes ?

 
L. C. Non, nous n’avons pas eu de retour des autorités compétentes. De toute manière, ils ne vont pas réagir. S'ils le font cela voudrait dire qu’ils sont sensibles à la pression populaire. Et ils ont tout intérêt à ne pas le montrer. Ils ne peuvent pas envoyer un signal de faiblesse.
 

WUD. Vous avez créé le buz autour de votre pétition, ne trouvez-vous pas un peu déceptif d’en rester là ?

 
L. C. C'est une très très bonne question. Que peut-on faire après une pétition qui a eu un tel succès ? Et bien, j’ai multiplié les actions pour entretenir la flamme. J’ai ainsi réalisé une grande frise chronologique pour faire un peu de pédagogie, où j’ai repris toutes les dates de la crise, afin de mettre en évidence la responsabilité totale des femmes et des hommes qui ont eu la responsabilité de cette crise. Cette chronologie a rencontré un certain succès. Là, actuellement j’ai lancé un appel à témoignages pour que les gens racontent leurs souvenirs de la crise sanitaire. Pas mal de gens m’ont répondu mais j’espère qu’il y en aura encore plus. J'ai l'idée d'éditer un grand recueil de témoignages pour faire connaître toutes ces voix. J’ai reçu des témoignages venant de personnes retraitées, de personnes polyhandicapées, et de certains citoyens qui avaient plusieurs pathologies.