Quelques variantes dans les pathologies
La prévalence des pathos rencontrées est sensiblement différente… du moins, en premier plan. On pense tout de suite à nos plus farouches souvenirs de cours de bactério et de maladies tropicales.
Alors, certes, l’Aedes et ses congénères peuvent faire plus de dégâts que dans le métro parisien et représenter une source fréquente de consultations. Mais le moins attendu, c’est que toutes les pathologies davantage liées à la sénescence (pathologies cardiovasculaires, HTA, dyslipidémies…) sont moins fréquemment rencontrées, notamment à Mayotte où l’espérance de vie est plus courte.
Une réelle différence existe, en revanche, sur les formes de présentation des maladies.
Les patients ne sont pas sensibles aux messages de prévention et peu regardants sur leur état de santé. De fait, ils consultent tardivement et se présentent volontiers avec des plaies surinfectées jusqu’à l‘ostéite, des néoplasies métastatiques, des néphropathies révélant un diabète…
Des patients différents
Aux Antilles, à La Réunion, il existe un grand respect pour les médecins. Les patients sont peu procéduriers, plus passifs, plus calmes. Ils n’ont pas la culture Internet et ne remettent guère en question nos prescriptions.
La ruralité et l’offre de soins plus limitée favorisent ce rapport avec nous, que Jean-Baptiste caractérise de « […] respect à l’ancienne de l’autorité médicale, avec des patients très respectueux, très gentils ».
À Mayotte, c’est encore plus prononcé. Il s’agit d’une population noire, majoritairement musulmane, pour beaucoup issue d’une immigration clandestine en provenance du reste de l’archipel des Comores. Leur culture est proche de celle de l’Afrique. « C’est un véritable choc culturel » pour nous, explique Mickaël, généraliste à Mamoudzou. « Les patients n’ont pas les mêmes attentes que nous qui voulons tout médicaliser. Ils sont moins dans la demande de soins. Sans compter la barrière de la langue qui rend tout extrêmement compliqué ! ».
Cet exercice est riche de cette diversité culturelle qui nous confronte à d’autres rapports avec les patients. Moins occidentale, mois « evidence-based », c’est une médecine plus humaine qui cède souvent la place à une forme de fatalisme. « Va expliquer à un enfant », reprend Jean-Baptiste, « qu’avec son aérateur transtympanique, il ne faut pas qu’il aille se baigner sans bouchon d’oreilles… ». Et après…