Non, les pharmaciens ne sont pas des épiciers !

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La pharmacie clinique se développe, et ca change la vie des médecins

Non, les pharmaciens ne sont pas des épiciers !

Médecins et pharmaciens hospitaliers travaillent ensemble, mais se connaissent peu. Sauf dans les (encore trop rares) établissements où se développe la pharmacie clinique. Le point sur cette nouvelle approche avec deux praticiens convaincus.

 

« Avant, je connaissais surtout les pharmaciens d’officine et pour moi, il s’agissait clairement de commerçants ». Le Dr Nadia Chaumartin, généraliste au GH Paul-Guiraud en banlieue parisienne, n’est pas le seul médecin à avoir une image négative de cette profession. Mais son regard a changé depuis qu’elle travaille sur l’un des sites pionniers de la mise en œuvre de la pharmacie clinique.

Faire sortir le pharmacien de sa PUI

La quoi ? La pharmacie clinique. C'est une approche assez commune dans les pays anglo-saxons, mais qui commence tout juste à se développer en France. « Cela consiste pour le pharmacien hospitalier à sortir de sa PUI [Pharmacie à usage intérieur, ndlr] », résume Patrick Garriguet, pharmacien chargé de promouvoir cette nouvelle façon d’exercer au sein du GH Paul-Guiraud.

« Les missions traditionnelles d’un pharmacien hospitalier, ce sont l’achat, la gestion, l’approvisionnement et la dispensation des médicaments au sein de l’établissement », explique le pharmacien. Autant de tâches qui peuvent être accomplies depuis la PUI. « Mais en pharmacie clinique, on travaille énormément au sein des équipes soignantes », ajoute-t-il.

La pharmacie au cœur des unités de soins

Justement, sur le site de Clamart où travaillent les deux praticiens, une antenne pharmaceutique a été placée en plein milieu des unités de soins. Concrètement, ce rapprochement change la vie des équipes. Les pharmaciens participent aux staffs médicaux, ils analysent les ordonnances en intégrant des éléments liés au dossier médical, ils font de la conciliation médicamenteuse et de l’éducation thérapeutique…

« Nous dialoguons en permanence avec les prescripteurs », explique Patrick. Les relations médecin-pharmacien, auparavant rares et presque exclusivement téléphoniques, deviennent plus naturelles.

Des avantages en pagaille

Et si on demande à Nadia de citer des exemples de situations dans lesquelles le dialogue avec les pharmaciens lui a été utile, elle est intarissable. Grâce à cette nouvelle approche, elle peut plus rapidement attribuer un effet indésirable à un médicament précis, anticiper des interactions médicamenteuses, et même se lancer dans de nouveaux travaux de recherche…

Bonne nouvelle pour ce dialogue interdisciplinaire : les autorités comptent développer la pharmacie clinique. Le ministère de la santé a notamment lancé en février dernier un appel à projets sur le sujet : 2,5 millions d’euros pour le développement des activités de pharmacie clinique dans dix établissements.

Un investissement qui en vaut la peine

Bien entendu, tout cela a un coût, principalement en ressources humaines. « L’un des freins, c’est qu’il faut des pharmaciens », explique Patrick. « En France, nous avons un pharmacien pour 150 à 200 lits, alors qu’au Canada où la pharmacie clinique est plus développée, ils en sont à environ un pour vingt ».

A en croire Nadia, c’est un investissement qui en vaut la peine. « On prescrit tellement mieux quand on est au contact régulier d’un pharmacien », remarque la généraliste. Faut-il le rappeler ? Les erreurs médicamenteuses à l’hôpital sont très fréquentes, et constituent l’une des principales causes de réhospitalisation.

Source:

Adrien Renaud

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