Mutuelles et syndicats font de la couverture en cas d'invalidité ou de décès leur nouveau cheval de bataille

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Des millions de salariés n'ont aucune couverture en cas d'invalidité ou de décès, une "imprévoyance" qui se chiffre en milliards d'euros selon le plus grand groupe de mutuelles françaises, dont l'intérêt bien compris rejoint celui de plusieurs syndicats.

Mutuelles et syndicats font de la couverture en cas d'invalidité ou de décès leur nouveau cheval de bataille

© IStock 

C'est un trou béant dans la protection sociale des actifs. A part les cadres, dont la garantie en cas de décès existe depuis l'après-guerre, aucune couverture n'est imposée aux entreprises en matière de prévoyance, à l'inverse de la complémentaire santé, généralisée ces dernières années.

Résultat : "les lacunes en cas d'arrêt de travail, d'invalidité, de décès et d'« aidance » pèsent près de 8,5 milliards d'euros", affirme le groupe Vyv, dans une étude dévoilée à l'occasion du 43e congrès de la Mutualité française.

Un montant calculé en fonction des "prestations nécessaires pour une couverture optimale", de manière à garantir 90% du revenu net pour les interruptions d'activité, ou un capital décès équivalent à un an de salaire pour les proches et autant pour le conjoint.

On en est encore très loin. "Chez les non-cadres, une grosse moitié ont une couverture partielle et les autres n'ont pas de couverture du tout", a souligné Catherine Touvrey, directrice générale d'Harmonie Mutuelle, lors d'une table ronde avant-hier sur ce thème de "l'imprévoyance".

Pour régler une partie du problème, elle a défendu une généralisation de la cotisation existante pour les cadres, ce qui permettrait de dégager environ cinq milliards d'euros. Assez pour "financer un socle commun a minima" et laisser une marge de négociations dans les entreprises ou les branches professionnelles.

Mais si une partie des employeurs "ont compris que c'est utile", beaucoup "considèrent que ce sont des charges sociales qu'il faut minimiser", a-t-elle ajouté.

"S'il y a un accord chez les fonctionnaires, il faudra que les syndicats s'en saisissent tout de suite dans le privé"

"J'ose espérer que le patronat bougera sur ce sujet", a rebondi Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l'Unsa, partisan d'une "obligation de négocier" sur la prévoyance pour les partenaires sociaux.

Alors que les pénuries de main-d’œuvre se multiplient dans divers secteurs, de la restauration aux transports en passant par l'aide à domicile, "ça doit faire partie de l'attractivité des métiers".

Pour débloquer le dossier, il mise sur les tractations en cours sur la prévoyance dans la fonction publique. "S'il y a un accord chez les fonctionnaires, il faudra que les syndicats s'en saisissent tout de suite dans le privé", a-t-i expliqué.

La CFDT y est déjà prête : la résolution votée à son dernier congrès en juin "revendiqu(e) la négociation d'un accord national interprofessionnel afin de généraliser la prévoyance à l'ensemble des salariés", afin que "l'ensemble des risques soient systématiquement pris en charge à hauteur des besoins".

A défaut d'accord, "il faudrait un véhicule législatif" pour remédier à "cette absence d'obligation (qui) est la raison majeure" de la mauvaise couverture des actifs, a également estimé David Cluzeau, délégué général d'Hexopée, fédération d'employeurs du secteur associatif.

Difficile toutefois d'envisager pareille contrainte en pleine flambée de l'inflation. "Les boîtes pensent que c'est un coût" et "la question se pose d'autant plus dans la période actuelle", a-t-il observé. Un contexte qui peut aussi amener les syndicats à privilégier des gains plus directs sur les salaires ou les tickets-restaurant.

Mais "si on décide d'une obligation de prévoyance, il faudra aussi une obligation de prévention", car "la meilleure manière de faire de la prévoyance, c'est d'éviter que le risque ne survienne", complète David Cluzeau.

Avec AFP

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