Médecine nucléaire : le CHRU de Nancy met les bouchées doubles, bientôt une usine de médicaments radioactifs pour livrer les hôpitaux européens

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Recherche, équipements en nombre, essais cliniques : à Nancy, la médecine nucléaire met le paquet pour lutter contre le cancer, et un projet d'usine de médicaments radiomarqués doit compléter l'arsenal fin 2026.

Médecine nucléaire : le CHRU de Nancy met les bouchées doubles, bientôt une usine de médicaments radioactifs pour livrer les hôpitaux européens

© Midjourney x What's up Doc

Les médicaments radiopharmaceutiques, dans lesquels sont incorporées des substances radioactives, sont utilisés en imagerie mais aussi pour le traitement curatif de certains cancers.

La recherche a permis de montrer l'intérêt de la « radiothérapie interne vectorisée », c'est-à-dire de l'injection, directement à l'endroit de la tumeur, d'isotopes radioactifs qui resteront sur place, explique Gilles Karcher, professeur de médecine nucléaire au CHRU de Nancy.

Attention, il ne s'agit « pas d'un traitement miracle du cancer » mais d'une possibilité supplémentaire pour les médecins, met-il en garde.

Pour l'heure, quatre traitements de ce type sont disponibles sur le marché. Mais avec des découvertes encourageantes, de nombreuses sociétés, des petites et moyennes entreprises (PME) en immense majorité, se créent et développent leurs propres traitements.

Depuis 20 ans, le CHRU de Nancy réalise, via Nancyclotep, un groupement d'intérêt économique créé au sein du département de médecine nucléaire en 2008, des essais cliniques pour de nombreuses entreprises souhaitant commercialiser des médicaments radiomarqués.

Aide à la mise sur le marché

Mais après la phase III de l'essai clinique, lorsqu'une société basée hors Europe souhaite faire une demande de mise sur le marché auprès du régulateur, elle doit démontrer qu'elle saura comment produire son traitement.

« C'est là que nous pouvons régler les problèmes de logistique » de ces sociétés, dit Gilles Karcher, qui a déjà parlé avec des industriels confrontés à cette problématique.

C'est de ce besoin de solution, évoqué par plusieurs PME, que le projet d'usine, baptisé « Protherium » est né, en association avec un ingénieur chimiste et un pharmacien industriel. 

Au sous-sol du CHRU, un petit laboratoire est déjà implanté, permettant d'assurer une connaissance des installations, et anticiper une production industrielle à venir.

Une quinzaine de nouveaux traitements pourraient être mis sur le marché dans les prochaines années, selon le Pr Karcher, confiant quant à la demande de location des futures unités de production.

Lancement fin 2026

Un bâtiment déjà existant de 7 000 m2 à Gondreville, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Nancy, pourrait abriter l'usine. Cette situation, « au cœur de l'Europe », permettra de livrer des hôpitaux européens, en avion ou en camion selon la durée de vie des produits, souligne Gilles Karcher.

En moyenne, du fait de la très faible durée de conservation des produits, l'usine de médicaments radiopharmaceutiques doit être implantée à moins de 300 kilomètres du patient pour de l'imagerie, et à moins de 2 000 kilomètres pour des traitements.

Outre l'usine elle-même et les 50 à 100 emplois qualifiés qu'elle pourrait générer, le trio envisage de créer sa propre formation en alternance, « l'École Européenne pour la production des médicaments radiopharmaceutiques », créant de toutes pièces une nouvelle filière à l'échelle européenne, selon Gilles Karcher.

Reste à trouver les financements, avec une phase initiale estimée à 15 millions d'euros pour l'achat du bâtiment et l'installation de deux premiers modules de production, avec un démarrage espéré d'ici à fin 2026.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/nancy-face-une-penurie-de-vaccins-contre-la-grippe-dans-les-pharmacies-un-vaccibus-prend-le

À terme, l'ambition est d'avoir à disposition a minima quatre lignes de production, totalement indépendantes et modulables, dont trois seront louées aux sociétés pour la fabrication de leurs produits, et une laissée aux chercheurs du CHRU et de l'Université de Lorraine.

Avec AFP 

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