Loi de santé : « Nous sommes tous coupables »

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Loi de santé : « Nous sommes tous coupables »

Le Dr. Mickaël Riahi en a gros sur le cœur. Cela ne s’entend pas dans la voix de ce jeune généraliste installé dans le XIXe arrondissement de Paris : tranquillement, il aligne ses arguments d’une façon réfléchie. Tout au plus peut-on remarquer que son débit s’accélère légèrement quand il aborde les points les plus sensibles. Mais le fond de sa pensée est triste, et il y a de quoi. Pour lui, les médecins sont collectivement responsables d’un drame silencieux : la mort de la médecine libérale.

Certes, la loi de santé et son fameux tiers-payant généralisé ont d’après Mickaël leur part de responsabilité dans le désastre qui s’annonce. « Le fait de généraliser le tiers payant va positionner l’Assurance Maladie et les mutuelles comme uniques payeurs des médecins », explique-t-il. « Cela va fatalement mettre les médecins sous leur tutelle, et non plus sous celle des patients. C’est un danger très net pour notre liberté d’action et de prescription ».

La loi de santé est donc coupable, cela ne fait pas un pli. Mais face à elle, quelle réponse apporte la profession ? La désunion. « Certes, il y a eu une manif’ un dimanche. Mais chacun y va de son petit mot d’ordre », regrette le généraliste. En voyant les bisbilles entre généralistes et spécialistes, entre ceux qui prônent le C à 25€ et les partisans du déconventionnement, « le gouvernement se frotte les mains », estime-t-il.

Et il y a pire. Car si pour Mickaël, les autorités entendent avec le tiers-payant transformer à terme tous les médecins en salariés, elles ont trouvé un allié de choix : les médecins eux-mêmes. « Les jeunes parlent de liberté d’installation, mais plus personne ne s’installe », constate ce praticien qui lui, a fait le choix de s’installer il y a 7 ans.

Et qu’on ne vienne pas lui dire que l’exercice libéral ne correspond pas aux aspirations des jeunes confrères, qui veulent mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle : « Il suffit de s’organiser, de savoir gérer son emploi du temps, de se faire remplacer… On peut travailler en équipe même si on est seul », prétend Mickaël.

Alors, avons-nous tous tué la médecine libérale ?

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