Les médecins Y, une génération qui parle beaucoup d'elle...

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Les médecins de la génération Y se racontent. Ils ont des blogs, parfois des sites internet, et sont présents sur les réseaux sociaux. Cette tendance à partager ses expériences professionnelles est-elle vraiment nouvelle ?

Les médecins Y, une génération qui parle beaucoup d'elle...

Selon Thierry Lefebvre, docteur en pharmacie et maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à Paris-7, « le phénomène des écrits de médecins est antérieur » à notre génération. Ils étaient déjà à la mode dans les années 50, mais seuls les grands patrons publiaient des livres. « La visibilité des récits médicaux s’inscrit dans un “effet Martin Winckler”, relayé également par les séries télé. » Progressivement, Internet a court-circuité la nécessité de posséder une certaine renommée pour être accepté par un éditeur, et a démocratisé de fait les publications par l’accès digital.

Cette montée en puissance des blogs médicaux est attribuée, selon Cécile Monteil, médecin blogueuse et startupeuse, à la féminisation de la médecine et aux attentes des nouveaux médecins, plus intéressés par une qualité de vie leur permettant de s’épanouir et de pratiquer d’autres activités que par la perspective d’une carrière hospitalo-universitaire. « Je trouve ça génial de lire ces blogs, parce qu’en général c’est plein d’humour et d’espoir, et que ça permet au monde extérieur de mieux comprendre notre métier. C’est une histoire en continu de la vie réelle. »

Une communication qui évolue

Les relations avec les patients changent, et pour Baptiste Beaulieu, médecin blogueur (alorsvoila.com), auteur de plusieurs livres dont Alors Voilà, « les blogs permettent de faire prendre conscience à chacun des deux bords (médecins et patients) des incompréhensions qui peuvent exister entre eux, d’aplanir les conflits. » Et dans son cas, ce n’est pas une catharsis qui l’a motivé à écrire, mais plus une envie de « ne pas laisser perdre les belles choses qu’il voit dans son travail ».

L’auteur du blog PerrUche en Automne est un PU-PH proche de la cinquantaine, profil atypique pour un médecin blogueur. Pour lui aussi, l’introspection est une démarche ancrée dans notre profession, mais qui, selon lui, ne concerne cependant que certains médecins, « peut-être plus égocentriques que les autres. » Il estime que les médecins blogueurs sont un reflet de la société et de leur génération – la nôtre – : « une génération très sympathique et parfois irritante, avec son envie de vies multiples et une tendance à l’insatisfaction, liée peut-être à ce désir de faire plein de choses sans en faire aucune à fond. Elle veut partager, mais sans trop donner de son temps non plus. »

Néanmoins, pour Thierry Lefebvre : « La parole sur les blogs n’est pas totalement libérée, car la critique peut être violente. Il existe aussi une forme d’autocensure. » Ce qui est moins le cas sur Twitter par exemple, où les réactions sont plus épidermiques et parfois peu réfléchies, y compris chez les médecins. Le CNOM a d’ailleurs publié un petit livre blanc de la déontologie médicale sur le web en 2011, toujours disponible en ligne, où il recommande de « faire un usage responsable des médias sociaux numériques ».

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