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Lanna de Palmaert dans TKT © DR
Le harcèlement scolaire, sujet-dossier pour film à visée pédagogique. Tentative casse-gueule de rester un objet de cinéma, TKT réussit à impacter, sur un traitement alarmiste, bien mieux qu'un paquet de cigarettes.
Dans les dernières années de sa trop courte vie, Emilie Dequenne a singulièrement resserré ses choix cinématographiques autour de la thématique de l'enfance en danger. La consolation, La maladroite ou encore Close sont autant d’œuvres ne reniant pas leur ambition pédagogique et dont le traitement délicat doit beaucoup au talent sobre et lumineux de l'actrice disparue. Ajoutons à cette liste la mère psychopathe de la Fille d’Albino Rodrigue, qui rappelle qu’elle excellait également dans les rôles inquiétants. C'est donc avec une certaine émotion que l'on retrouve Dequenne en maman à la fois exemplaire et dépassée, par un phénomène que Solange Cicurel, la réalisatrice, tente de circonscrire avec les codes du teen movie et du film fantastique.
Autopsie psychologique
En choisissant d'adopter le point de vue d'une Emma fantôme - ou plutôt pré-fantôme, comme dans Ghost - la cinéaste réussit à s'extirper d'un traitement à la Dickens rendant le film souvent bateau et parfois maladroit pour le faire évoluer vers des contrées plus sombres et à l'impact inattendu. Tout d'abord, il est plus que pertinent de filmer la crise suicidaire de la jeune héroïne sous l'angle de la sidération et de la compréhension morcellaire : c'est souvent ainsi que sont retracés les moments précédant le passage à l'acte par nombre de suicidants. Revisitant, étape après étape, l'installation du double processus de harcèlement - cause externe - et de développement de la dépression - conséquence interne -, c'est à une véritable autopsie psychologique que se livrent la réalisatrice et sa jeune actrice, aussi douée dans la fraîcheur innocente et adolescente que dans l'accablement anxieux.
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Par ailleurs, alors que le film flirte pendant une longue première partie sur les émois sentimentaux et somme toute bien banals du peuple adolescent, avec son lot de rivalités, de jalousies et de trahisons plus ou moins conscientes dans lesquelles il est facile de s'identifier, il se condense sur sa toute fin, pourtant prévisible, pour nous asséner un message brutal et révéler une cruauté insoupçonnée. Car oui, le principal problème de la participation des réseaux sociaux et téléphoniques au phénomène de harcèlement scolaire, ancestral et sorti de l'invisibilisation et de la banalisation depuis finalement peu de temps, est que, comme tout ce qu'ils touchent, ils en aggravent considérablement la portée. En mettant au jour le double pacte de synergie d'action puis de silence des harceleurs, l'impunité inconsciente qu'engendre le colportage anonyme et diffus, et enfin les conséquences tragiques auxquelles une telle entreprise peut aboutir, c'est la définition d'un crime que TKT établit. Ni plus ni moins. Il faut le savoir, et le redire.
