J’ai menti sous serment pour protéger un confrère

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La confession tardive d'un médecin américain

J’ai menti sous serment pour protéger un confrère

La semaine dernière, un chirurgien américain a avoué avoir porté un faux témoignage dans le cadre d’une procédure pour erreur médicale. Il voulait exonérer la responsabilité d’un confrère mis en cause dans une procédure pour erreur médicale. Vingt ans plus tard, il dit enfin la vérité.

 

Mentir, c’est mal. Et c’est encore pire quand on est appelé à témoigner à la barre d’un tribunal dans une affaire d’erreur médicale. Le Dr Lars Aanning, ancien chirurgien du Dakota du Sud, l’a fait. Parce qu’il estimait qu’il devait protéger un confrère plutôt que dire la vérité. Le remords l’a conduit à passer aux aveux, et sa confession a été relatée la semaine dernière sur ProPublica.

L’histoire remonte à une vingtaine d’année, raconte le site américain. Un patient opéré par l’un de des collègues de Lars Aanning a fait un AVC, et est resté handicapé à la suite de l’intervention. La responsabilité du chirurgien a été mise en cause. Lars Hanning a été interrogé par le tribunal, qui voulait savoir s’il avait déjà eu des doutes sur les compétences de son confrère. Il a répondu de manière catégorique : « non, jamais. »

« Je me suis prostitué »

Sauf que ce n’était pas vrai. Le mensonge est venu naturellement, raconte le praticien à ProPublica. « Je n’ai pas pensé : "je vais mentir" », explique-t-il. « J’ai pensé : "je vais soutenir mon collègue". » Le tribunal a décidé d’exonérer la responsabilité de ce dernier, sans que Lars Aanning sache dans quelle mesure son faux témoignage a été décisif.

« J’ai menti, sous serment, et j’ai violé tous les vœux de professionnalisme qui vont avec le titre de médecin », écrit-il dans un texte intitulé La confession tardive d’un chirurgien, disponible sur Facebook. « Je me suis prostitué par respect pour mon contrat de travail. »

« La pression est l’attitude dominante chez les médecins »

Pour expliquer les raisons de son comportement, l’ancien chirurgien n’est pas tendre avec la profession. « La pression est l’attitude prédominante chez les médecins », lâche-t-il. « Les organisations professionnelles (…) disent qu’on doit toujours se trouver du côté des patients. Mais ce ne sont que des mots, car ce que vous faites en réalité, c’est vous serrer les coudes avec vos pairs. »

Depuis cette histoire, Lars Aanning est devenu un fervent défenseur des droits des patients. Il travaille avec l’avocat qui représentait le patient dans l’affaire dans laquelle il a menti. Et quand ProPublica lui demande pourquoi il a décidé de dire la vérité maintenant, sa réponse est sans équivoque : « Je suis retraité, maintenant. »  Voilà qui a le mérite de la franchise.

Source:

Adrien Renaud

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