Intérim médical : les mercenaires de l'hôpital

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Quelques 6000 médecins sont employés pour des missions ponctuelles dans les hôpitaux publics. Le statut présente des avantages de taille, mais aussi de forts inconvénients.

Intérim médical : les mercenaires de l'hôpital

Ils n’ont pas bonne presse… Et pourtant ils n’ont jamais été aussi nombreux. Les médecins intérimaires font l’objet d’un certain ostracisme. Pour autant, tout médecin peut être amené à remplir des missions ponctuelles au cours de sa vie, pour des raisons très diverses. Ce mode d’exercice, s’il est effectivement onéreux à l’échelle nationale, pallie bien souvent les défaillances du système actuel (manque d’attractivité de certains hôpitaux et de la rémunération des praticiens hospitaliers). Ainsi, si le recours aux intérimaires doit en théorie rester marginal, il est devenu la variable d’ajustement d’un hôpital qui manque de moyens. Et cela, les médecins n’y peuvent rien.

Des profils et des motivations variés

Selon le rapport parlementaire d’Olivier Véran publié en décembre 2013, 6000 médecins sont employés à titre temporaire par les hôpitaux publics (2500 dix ans plus tôt). Mais en l’absence de structures dédiées au recueil de ces données, les chiffres restent très approximatifs et il n’en existe pas de plus récents. Le rapport montre par ailleurs que le profil du « mercenaire » est très hétéroclite : cela peut être « le jeune qui ne cherche pas à se fixer tout de suite (20 %), une mère de famille (25 %) un senior retraité (25 %). Dans 30 % des cas, il s'agit d'un professionnel de l'intérim ».

Certaines spécialités sont plus concernées que d’autres par l’intérim. C’est le cas de l’anesthésie-réanimation, la radiologie, les urgences, la pédiatrie ou encore la gynécologie obstétrique, qui présentent une forte implication dans la permanence des soins.

Rémunération et liberté

Les intérimaires peuvent gagner entre 600 à 800 euros nets pour une journée de travail. De quoi faire des jaloux… et creuser, effectivement, le déficit. Le surcoût associé à l’intérim médical est estimé à 500 millions d’euros annuels. D’ailleurs, la rémunération des médecins intérimaires a été récemment plafonnée. Désormais, leur salaire brut maximal ne peut excéder 1404 euros pour une journée de 24h. D’ici 2020, ce plafond sera abaissé à 1170 euros.

Outre la rémunération, supérieure en moyenne de 30 % à celle du praticien hospitalier en fin de carrière, l’intérim présente plusieurs avantages. Il permet de choisir les périodes travaillées, en termes qualitatif et quantitatif. « Par opposition à la rigidité du statut de praticien hospitalier, le médecin intérimaire choisit un mode d’exercice totalement libre », souligne la Confédération des praticiens des hôpitaux dans un communiqué.

Précarité et vie privée

Pour travailler en intérim, il faut s’inscrire dans une agence, avec laquelle un contrat de mission est signé. Il fait office de contrat de travail et contient tous les fondamentaux : salaire, horaire et lieu de travail, détails du poste… En fin de mission, en plus de son salaire, l’intérimaire perçoit une Indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) et une indemnité compensatrice sur la précarité de la situation des intérimaires (Indemnité de Fin de Mission), qui correspondent toutes les deux à 10 % du salaire brut.

Car l’intérim a aussi ses désavantages. En effet, sa liberté et sa rémunération se payent au prix d’une certaine précarité et instabilité professionnelle. Mener de front une vie de famille est parfois complexe : les organismes de crédit n’apprécient que très peu ce statut et rechignent à accorder un prêt immobilier, par exemple. Par ailleurs, le médecin intérimaire bénéficie d’une faible couverture sociale. Choisir ce mode d’exercice sur une période prolongée peut donc s’avérer risqué. Mais il peut ponctuellement correspondre à une entrée en carrière, ou à une période de transition.

 

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