Immersion dans le programme santé de Fillon

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Son porte-parole santé nous sert de guide

Immersion dans le programme santé de Fillon

Le vainqueur de la primaire de la droite et du centre a un programme santé plutôt musclé. Dominique Stoppa-Lyonnet, porte-parole santé du candidat (par ailleurs médecin, professeur de génétique à Paris-Descartes et chef du service de génétique de l’Institut Curie), nous en livre les grandes lignes.

What’s up Doc. C’est une impression, ou les médecins sont plutôt épargnés par les coupes budgétaires drastiques que prévoit le programme de François Fillon ?

Dominique Stoppa-Lyonnet. En France, la rémunération des médecins est environ 2,1 fois supérieure au salaire moyen. Dans d’autres pays européens, ce rapport peut aller jusqu’à 3,6. Il faut donc augmenter la valeur de certains actes, mais aussi apporter aux médecins des revenus alternatifs. Il faut donc introduire davantage de forfaits et de rémunérations sur objectifs de santé publique.

WUD. Est-ce que ce ne serait pas s’éloigner du sacro-saint paiement à l’acte si cher aux libéraux ?

DSL. Il ne s’agit pas de s’en éloigner, mais de le compléter et de le diversifier.

WUD. Et est-ce que cela ne risque pas de réintroduire de la bureaucratie, alors que François Fillon cherche au contraire à la bannir ?

DSL. Tout d’abord, en abolissant le tiers-payant généralisé, nous allons plutôt simplifier les choses. D’autre part, nous misons sur un outil essentiel : le dossier médical partagé. Jusqu’ici, la volonté politique a manqué pour mener ce projet à son terme, et nous sommes déterminés à ce qu’il voie enfin le jour.

WUD. L’une des propositions de François Fillon qui a fait couler beaucoup d’encre est le recentrage de l’Assurance maladie obligatoire sur les affections lourdes et de longue durée, ce qui implique que les complémentaires prendront en charge le reste. Comment le panier de soins couvert par les uns et les autres sera-t-il défini ?

DSL. Nous allons prochainement préciser ce qui relève de chaque panier de soins. Le programme actuel a été construit pour les primaires, il va être affiné.

WUD. Les médecins, qui s’opposaient au tiers-payant généralisé notamment parce qu’il risque de donner trop de pouvoir aux complémentaires, ne risquent-ils pas de refuser cette proposition ?

DSL. Il faudra trouver un équilibre. Il ne s’agit pas de donner blanc-seing aux complémentaires. François Fillon propose de mettre sur pied une agence de contrôle et de régulation pour assurer la compétition entre elles, tout en préservant le respect du libre choix du médecin par le patient. Les réseaux de soins préoccupent à juste titre les soignants, et nous ferons en sorte qu’il n’y ait pas de remboursement différencié.

WUD. Le programme de François Fillon évoque également la nécessité de faire évoluer « le maillage hospitalier ». C’est une autre manière de dire qu’on va fermer des hôpitaux ?

DSL. Cela veut dire qu’il faudra réorienter la vocation de certains établissements. Avec l’amélioration des transports, nous n’avons pas forcément besoin d’autant d’hôpitaux. Prenons par exemple les maternités : un tiers ont un taux d’occupation de moins de 60 %. C’est un problème.

WUD. Parmi les fameuses 500 000 surpressions de postes de fonctionnaires que François Fillon veut effectuer, combien concerneront l’hôpital ?

DSL. François Fillon veut faire un effort sur les trois fonctions publiques : fonction publique d’État, fonction publique territoriale et fonction publique hospitalière. Il s’agit de le faire avec discernement, ce ne sera pas « un tiers, un tiers, un tiers ». Et à l’hôpital, avec le retour aux 39 heures, le développement du numérique et les économies sur l’organisation, nous avons des marges.

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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