Grève du 5 décembre : la majorité des syndicats vent debout

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De nombreux syndicats soutiennent le mouvement de contestation sur les retraites. D'autres la grève des internes le 10 décembre. Tour d’horizon de leurs revendications.
 

Grève du 5 décembre : la majorité des syndicats vent debout

Nombreux sont les syndicats et les collectifs qui soutiennent (officiellement ou à demi-mot) le mouvement de contestation sur les retraites ou ont lancé un appel à la mobilisation pour faire grève le 5 décembre. Des syndicats de libéraux (CSMF, SML, UFMLS…), des syndicats hospitaliers (SNPHARE, Action Praticiens Hôpital, Amuf…), des syndicats de PH et d’internes (INPH, Snam-HP, Jeunes médecins, CMH, APH, Avenir hospitalier, CPH, AJPH, Isni…), des collectifs (Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux, Inter-Blocs)… Sans oublier les confédérations syndicales (CGT, Sud, Unsa, CFE-CGC, CFTC...). Ce qui fait un bon paquet de mécontents !

Du côté de la CSMF, on « perd patience » car « le gouvernement ne négocie pas », si bien qu’« aucun doute n’est levé sur la plupart des sujets qui fâchent ». Tandis qu’ « aucun changement majeur n’a été annoncé », fustige un communiqué daté du 4 décembre. Le syndicat est en colère de ne pas être entendu depuis plus de vingt mois et « n’hésitera pas à appeler tous les médecins libéraux à engager un bras de fer avec le gouvernement pour sauver leur retraite ».
 
La CSMF en profite pour rappeler ses exigences :
- sauvegarder la Caisse autonome des retraites des médecins de France (Carmf)
- limiter le Régime Universel à 1 plafond annuel de la sécurité sociale (PASS)
- conserver les réserves de la Carmf constituées par les médecins pour les médecins
- attribuer une place aux médecins libéraux dans la gouvernance du régime universel
- maintenir l’ASV (l’Allocation supplémentaire vieillesse) dans le cadre du champ conventionnel

Une réforme injuste, pénalisante et floue

Les Spé-CSMF soutiennent également le mouvement de contestation sur les retraites et s’opposent à la réforme des retraites du gouvernement qualifiée d’« injuste, pénalisante, et encore floue ». Injuste, car « elle ignore une gestion rigoureuse n’ayant jamais coûté un centime d’argent public, tout en respectant le principe de solidarité intra professionnelle et la solidarité avec l’ensemble des Français ».
 
La réforme serait aussi pénalisante, « car la diminution de nos cotisations aboutira, de facto, à une baisse significative de nos pensions ». Et, enfin, floue, car « le devenir de nos réserves est incertain, la présence de médecins libéraux dans la gouvernance non assurée ».

Enfumage permanent

Son de cloche similaire du côté du SML (Syndicat des médecins libéraux) qui perd également patience et évoque la politique de « l’enfumage permanent » du gouvernement qui n’aurait donné aucune garantie sur plusieurs points importants : sanctuarisation de l’ASV (Allocation supplémentaire vieillesse), sort des réserves, avenir de la Carmf, gouvernance…

Le syndicat considère que le régime autonome de retraite des médecins « ne doit pas être démantelé pour procurer au gouvernement l’alibi dont il a besoin afin de justifier la refonte des régimes spéciaux. Au contraire, c’est par les régimes spéciaux, par ailleurs déficitaires, qu’il conviendrait de débuter la réforme, plutôt que de s’acharner à vouloir démanteler ceux des professionnels libéraux en situation d’équilibre ».

Du côté de l’UFML, on est vent debout contre la réforme des retraites. Le syndicat a lancé un appel pour le maintien des régimes complémentaires. Le syndicat demande au gouvernement de « respecter les spécificités et maintenir l’existence des professions libérales de santé dans la réforme systémique en cours des retraites ». Et exige « une inflexion des modalités de la réforme en cours, impliquant une baisse très sensible du plafond de l’assiette de cotisation afin de faire subsister, à la fois, nos solidarités et spécificités professionnelles au travers des caisses complémentaires et le maintien de la démocratie sociale dans notre système de retraites ».

Réforme particulièrement injuste

Dans un communiqué commun (Action Praticiens Hôpital, INPH, Snam-HP, Jeunes médecins, CMH, et Avenir hospitalier, CHP…), les organisations syndicales mentionnées apportent leur soutien au mouvement social du 5 décembre. Pour les hospitalo-universitaires, le régime actuel serait « particulièrement injuste » pour les syndicats car « il ne prend en compte que la partie universitaire des émoluments, conduisant à des pensions indignes ». Ils demandent donc « la garantie que le régime universel prendra en compte la totalité des revenus ».
 
Et d’ajouter que, chez les hospitaliers et les internes, le régime principal est un régime par points, l’Ircantec, « qui s’apparente au futur régime mis en place mais avec un rendement actuel autour de 7 %, ce qui est supérieur au rendement annoncé du régime universel, soit 5,5 %. Nous ne pouvons pas accepter un tel recul social d’autant plus que nous avons été lourdement impactés par la dernière réforme de l’Ircantec. Cette réforme ayant garanti la pérennité du régime sur 30 ans, il n’y a donc aucune inquiétude sur son avenir. »

L'Amuf mobilisée

De son côté, l’Amuf a annoncé dans un communiqué qu’elle participerait à la manifestation du 5 décembre pour défendre les retraites des médecins et personnels hospitaliers. Elle demande que « le travail de nuit en garde et les indemnités de garde soient enfin prises en compte dans le calcul de nos retraites ».
 
Par ailleurs, compte tenu de la pénibilité du travail de nuit et ses conséquences sur l’espérance de vie des médecins, elle exige que « le tarif de la garde soit aligné sur celui des hospitalo-universitaires ». Et rappelle que leur retraite complémentaire gérée par l’Ircantec est déjà une retraite par points. Or, « nous avons subi en 2008 une réforme qui a fait baisser nos pensions sur une carrière complète de 25 %. Le projet actuel prévoit de baisser le taux de rendement de notre régime, ce qui se traduira par une nouvelle baisse de 30% . Ce n’est pas acceptable. »

Les jeunes médecins écartés des négos

Enfin, ReAGJIR (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants en France) estime que les jeunes médecins ont été injustement écartés des réunions de concertation sur la réforme des retraites. Selon le syndicat, la majorité des jeunes médecins connaît mal le système de retraite actuel qui est « peu lisible et complexe ».
 
Pour qu’ils puissent se positionner sur cette réforme, « il est indispensable que les jeunes soient informés tant sur le système actuel que sur celui que propose cette réforme, explique le Dr Laure Dominjon, Présidente de ReAGJIR. Nous demandons que les jeunes soient associés aux réflexions mais aussi aux négociations car cette réforme les concerne principalement. Il paraît aberrant d’écarter les premiers concernés ! ».
 
Last but nos least, les collectifs (Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux, Inter-Blocs) soutiennent le mouvement de contestation sur les retraites.

 

Grève des internes le 10 décembre
Dans un communiqué commun, les organisations syndicales représentatives des personnels médicaux hospitaliers et hospitalo-universitaires (SNAM-HP, Jeunes Médecins, CMH, INPH, AH, APH, CPH, APH) appellent tous les médecins, pharmaciens et odontologistes des hôpitaux à soutenir le mouvement de grève illimité des internes en médecine et en pharmacie qui débutera le 10 décembre. Selon eux, les pouvoirs publics « n’ont pas pris en compte la réalité des difficultés majeures que traversent aujourd‘hui les hôpitaux publics et se refusent pour l’instant à prendre les mesures significatives qui permettraient de surmonter cette crise sans précédent. Difficultés de financement, de recrutement, de gouvernance, c’est d’un vaste plan de sauvetage dont notre système hospitalier a besoin. » Quant au SNJMG, il soutient également la mobilisation des internes à compter du 10 décembre 2019.

 

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