Généralistes et urgentistes se tirent la bourre en bord de Loire

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Tempête dans le désert (médical)

Généralistes et urgentistes se tirent la bourre en bord de Loire

À Roanne, dans la Loire, les généralistes ont décidé de cesser d’effectuer des visites à domicile lors des gardes. Courroux des urgentistes.

 

La santé est comme un château de cartes : un mur vacille et c’est la maison qui tremble. À Roanne, sous-préfecture de la Loire au doux parfum de désert médical, les généralistes ont décidé d’arrêter complètement les visites à domicile pendant les gardes. Motif : le déplacement chez les patients est jugé trop chronophage pour les rares médecins de garde.

« Quand le médecin quitte son cabinet ou la maison médicale pendant une heure, cela fait trois à quatre visites au cabinet qu’on ne peut assurer dans le même temps », explique le Dr Bruno Pagès, trésorier de l’Association roannaise pour l’urgence médicale (Arpum), au quotidien Le Progrès. Il faut dire que le système de garde local semble à bout de souffle.

La garde meurt mais ne se rend pas (à domicile)

En soirée, le dimanche ou les jours férié, les patients n’auront donc plus d’autre choix que de se rendre eux-mêmes chez le médecin de garde. « Désormais, c’est aux patients de se déplacer et une personne âgée par exemple, qui n’aurait pas de famille pour l’accompagner, peut très bien venir en consultation en ambulance », estime Bruno Pagès.

Une décision qui suscite l’ire des urgentistes. « C’est quand même le rôle d’un médecin généraliste de faire un certificat de décès ou d’aller voir une personne âgée chez elle », s’insurge le Dr Thomas Guérin, chef des urgences du centre hospitalier de Roanne, qui doit faire face à un surcroît d’activité depuis la rentrée. « Les gens ont de quoi être mécontents. Cette décision des médecins, c’est une catastrophe. »

Un médecin vous manque et tout est dépeuplé

Le problème des visites à domicile n’est pas propre à Roanne. Il fait même régulièrement l’objet de frictions entre généralistes et urgentistes. « Il y a des situations médicales qui pourraient être traitées de manière satisfaisante à domicile et qu’on est obligé d’orienter vers l’hôpital », déplorait ainsi Marc Giroud, ex-président de Samu-France, lors d’une audition récente à l’Assemblée nationale.

Depuis 2002, la participation à la permanence des soins ambulatoires est facultative pour les médecins de ville. Garantie par la loi, elle prend désormais les contours d’une obligation collective basée… sur le volontariat. Avec un succès mitigé : environ la moitié des généralistes échappent aux gardes et la crise des vocations ne semble pas prête de s’arrêter. Au risque d’écrouler le château de cartes, décidément fragile en ces contrées arides.

Source:

Yvan Pandelé

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