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« L’anxiété des parents induit parfois des consultations itératives, dans plusieurs Centres de soins ou auprès de nombreux professionnels pour les mêmes motifs. C’est donc très énergivore », démarre le Dr Charline Sintes, qui exerce désormais en clinique. Auparavant en libéral, il lui est arrivé d’être consultée par des parents anxieux, parfois tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Un cas qui peut aussi très bien se reproduire en clinique ou à l’hôpital avec des patients qui se représentent quelques heures après leur première consultation. Pour d’autres, c’est plutôt la recherche d’un gain de cause qu’ils viennent chercher, « On n’a pas voulu me donner des antibios donc je viens vous voir » illustre Charline Sintes qui précise toutefois, que ces cas de figure, sont à la marge.
« Si je suis en face d’un parent anxieux ou en détresse émotionnelle, je vais être dans une attitude de réassurance »
En fonction des situations, la réponse médicale n’est pas la même précise la pédiatre, qui, dans la plupart des cas peut-être amenée à éduquer les parents à la reconnaissance des symptômes et des signes de gravité et d’urgence. « Si le parent revient consulter pour son enfant à cause d’une évolution plus rapide des symptômes et pour une incompréhension des symptômes de surveillance, je réévalue l’enfant et je renforce mes conseils de surveillance en expliquant davantage les symptômes qui pourraient se présenter ». Pour les parents qui reviennent pour d’autres motifs, « Comme ceux qui estiment que le médicament n’a pas marché, cela dépend. Si je suis en face d’un parent anxieux ou en détresse émotionnelle, je vais être dans une attitude de réassurance et d’éducation thérapeutique, et si je suis en face d’un parent qui exige le changement d’un traitement, je vais aussi essayer d’éduquer, tout en posant un cadre ».
« En pédiatrie, il faut résister à la demande de remède magique par les parents anxieux »
Un point de vue partagé par le Dr Anne-Laure Adra pour qui l’éducation thérapeutique occupe une part centrale pour aider les familles à avoir toutes les clés pour comprendre les choses. « Ne pas donner de médicaments quand il n’en faut pas, c’est une question d’éducation. Et ça demande du temps ».
Anne-Laure Adra, prend l’exemple d’un cas d’école fréquent de demande des parents de prescription d’antiacides gastriques sur des nourrissons douloureux. « Souvent, j’essaye d’expliquer aux parents que ce ne sont pas des traitements de première intention. Et quand j’observe un mécontentement parce qu’ils souhaitent un remède magique, je leur explique que ça me prendrait beaucoup moins de temps de faire une ordonnance, sans me préoccuper de ce que cela peut provoquer dans le corps du bébé, que de leur donner des conseils pour éviter ces effets néfastes justement. Le temps que je passe à leur expliquer c’est un temps que je leur offre pour l’intérêt du nourrisson. Donc, si on ne veut pas prescrire inutilement, il faut prendre le temps d’expliquer aux parents. » insiste-t-elle.
« Le médicament n’est pas solution à tout, il a des effets secondaires »
Selon la pédiatre, la spécificité de sa spécialité, c’est que les parents sont jeunes et ont pris l’habitude de l’instantané. « Ils veulent une solution à leur besoin en moins de 24h comme pour d’autres situations de la vie. On ne sait plus attendre ».
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C’est donc important de redonner du sens au contexte médical, qui, selon elle, n’est pas comparable à une commande Amazon. Anne-Laure Adra conclut que « Le médicament n’est pas solution à tout, il a des effets secondaires et avec la pratique de la consultation, on arrive à l’expliquer aux parents et à proposer une alternative pour ouvrir le champ des possibles. Je crois que le « non » n’est pas entendable pour des parents anxieux, mais il faut prendre le temps d’expliquer pourquoi on teste d’autres choses pour le bien de l’enfant et rester ouvert à la réévaluation en cas de besoin ».
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