Dr Olivier Dosseh, cardiologue : « Je n'ai pas créé Homedoc pour l'argent, mais vraiment pour résoudre les difficultés de logement des internes »

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Lancée en avril par le jeune diplômé en cardiologie Dr Olivier Dosseh, la plateforme HomeDoc vise à mettre en relation les internes en galère de logement avec des propriétaires.

Dr Olivier Dosseh, cardiologue : « Je n'ai pas créé Homedoc pour l'argent, mais vraiment pour résoudre les difficultés de logement des internes »

What’s Up Doc : Comment fonctionne votre plateforme HomeDoc, lancée en avril dernier ? 

Dr Olivier Dosseh : C’est une plateforme qui permet de faciliter l'accès au logement des internes en médecine, en les mettant en relation avec des propriétaires. On aide aussi les internes propriétaires à louer leurs biens. Pour s’assurer que les candidats à la location sont bien des internes, on vérifie leur numéro RPPS.

La consultation et le dépôt de candidature sont gratuits mais la mise en relation est payante pour les propriétaires et les locataires. Par exemple, un locataire va payer 24% du premier loyer si son propriétaire est aussi interne, sinon c’est 36%. C’est 50% à 70% moins cher qu’en passant par une agence immobilière et cette plateforme leur est entièrement dédiée. 

Je n’ai pas le choix de rendre la plateforme payante car elle m’a déjà coûté 120 000 euros, en termes d’investissement. L’objectif n’est pas de m'enrichir mais de proposer une solution concrète pour améliorer les conditions de formation des internes.

 

Pourquoi avoir lancé cette plateforme HomeDoc ? 

O.D : C’est une idée issue de mon parcours d’interne en médecine. J’ai été confronté au problème du logement pendant mon internat, d’abord en tant que locataire puis en tant que propriétaire. 

 

« Il y a au moins trois moments où on est confronté à une problématique de logement en tant qu’interne.» 

 

Il y a, au moins, trois moments où on est confronté à une problématique de logement en tant qu'interne : dès les résultats du concours de l’internat, où on est plus de de la moitié à changer de ville dans un délais très court. Puis lors de certains stages en périphérie, qui sont parfois très loins du CHU et enfin pour les stages inter-CHU. J’ai par exemple renoncé à un stage inter-CHU parce que trouver un logement pour 6 mois à Paris, alors que je venais de devenir propriétaire à Rouen, c’était mission impossible. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/appariement-2025-la-course-aux-choix-des-internes-commence

On s’étonne aussi que l’on choisisse des grandes villes pour s’installer mais c’est parce que l’on n'a pas vraiment l'opportunité de se projeter dans une ville secondaire pendant notre internat. On trouve rarement de logements sur place et cela nous laisse la mauvaise image de faire des allers-retours très contraignants.  

 

Des réseaux informels d’annonces existent déjà entre étudiants en médecine, pourquoi avoir créé cette plateforme ? 

O.D : C’est vrai qu’il existe une quarantaine de groupes Facebook avec des annonces pour des logements mais ce réseau social n’est pas adapté. On ne sait jamais si les annonces sont encore disponibles ou sur qui on peut tomber. 

« Je voulais offrir une solution fiable et sécurisante pour les internes, qu’ils soient locataires ou propriétaires. »

Je voulais offrir une solution fiable et sécurisante pour les internes, qu'ils soient locataires ou propriétaires. HomeDoc propose aussi des outils de gestion locative, qui génèrent le bail et les quittances de loyers, pour que les internes propriétaires se concentrent sur leur activité professionnelle et leur vie sociale. 

 

Vous vous lancez dans l’entreprenariat alors que vous venez d’être diplômé, comment vous arrivez à tout gérer ? 

O.D : J’ai toujours eu cette fibre entrepreneuriale, l’envie de créer quelque chose qui a de l’impact mais je n’avais pas le temps pour une vie associative pendant l’internat. 

J'ai eu l'idée d’HomeDoc, en novembre 2024, donc je me suis inscrit à Pepit’ Normandie, un dispositif d'étudiant entrepreneur, puis j’ai participé à un pré-incubateur avant le lancement de la plateforme mi-février. 

« Je faisais des remplacements comme cardiologue deux jours par semaine. Le reste du temps, et même les week-ends, je les consacrais à concevoir la plateforme. » 

Je faisais des remplacements comme cardiologue, deux jours par semaine. Le reste du temps, et même les week-ends, je les consacrais à concevoir la plateforme. Aujourd’hui, je suis installé comme cardiologue en libéral à la Clinique de l’Europe, à Rouen. Je consulte deux jours à deux jours et demi par semaine. HomeDoc me prend tout le reste de mon temps car tout repose sur mes épaules : recherche de financements, de partenariats avec les syndicats, développement de la plateforme. 

Si la plateforme marche bien et peut s'auto-financer, j’aimerais pouvoir déléguer à des personnes tout ce que je fais actuellement tout seul pour pouvoir me recentrer un peu plus sur la médecine et avoir un peu plus de temps pour exercer.

 

Quel avenir imaginez-vous pour HomeDoc ? 

O.D : Aujourd’hui, il y a 3 700 utilisateurs, 340 annonces sur toute la France et à peu près mille propriétaires inscrits, internes ou non. On a déjà eu 70 mises en relation, dont un ancien de mes co-externes à Paris XVI qui a pu trouver un logement à Rouen grâce à HomeDoc. C’est une grande fierté car il y a toujours le risque de vouloir créer une plateforme qui aide les internes, mais qui finalement tombe à côté. L’objectif serait d'augmenter ce nombre de mises en relation. 

J’aimerais aussi que cette plateforme facilite les inter-CHU et avoir des collaborations avec les directions des affaires médicales, notamment pour pouvoir intégrer les FFI à la plateforme, parce qu’ils n’ont pas de numéro RPPS. 

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