Des médecins prennent la défense du "Divan", attaqué au lance-flammes par l'Obs

Article Article

Dans un article au vitriol, le Nouvel Obs attaque le groupe de discussion médicale Le Divan des médecins, accusé de diffuser des propos diffamatoires contre des patients, et de violer le secret médical. 

Des médecins prennent la défense du "Divan", attaqué au lance-flammes par l'Obs

Qui dans la communauté médicale ne connait pas le groupe Facebook Le Divan des médecins ? Très peu, en tous les cas, parmi la nouvelle génération de médecins. Si ce groupe, créé en juillet 2017 par deux médecins, ne compte que 11 000 abonnés (ce qui n’est pas rien…), il a réussi en l’espace de deux ans et demi, à se tailler la part du lion en matière de forum de discussion médicale. Groupe de discussion fermé, le Divan des médecins vivait jusqu’à ce 25 janvier sa petite existence tranquille. Depuis sa création, seul le Quotidien du médecin (QdM) s’était intéressé à ce groupe, pour en dire le plus grand bien, le décrivant comme un temple de la bienveillance. Mais il a fallu que le Nouvel Obs, alerté par une médecin membre de ce groupe, y aille de son investigation.

Ligue du LOL ? 

Résultat : un véritable scud dans l’édition numérique du Nouvel Obs de ce 25 janvier, où ce groupe médical est décrit comme un ersatz de la ligue du LOL. À l’origine de ces révélations, une certaine Ana, « médecin généraliste de province », qui cherche, entre autres, des deuxièmes avis sur sa patientèle. Ana semble dégoutée par ce qu’elle a pu lire ou voir sur le Divan. Elle témoigne dans le Nouvel Obs : « Je me rappelle de cette vidéo d’un homme de dos, nu, à qui un soignant retirait un vers solitaire de l’anus. » Au-delà des moqueries qui relèvent d'un humour carabin poussé jusque dans ses derniers retranchements, les quelques médecins, ex-membres de ce groupe, qui ont témoigné auprès du Nouvel obs, regrettent surtout que l’identité de certains patients n’aient pas été masqués avec suffisamment de sécurité. Ainsi, il a été très facile pour les journalistes de l’Obs de retrouver une patiente dont la photo floutée avait circulé sur le groupe pour un deuxième avis. Les journalistes semblent aussi profondément écœurés par la pratique, apparemment assez courante sur Le Divan des médecins, de poster des selfies nus (des nudes challenge). L’Obs publie aussi une série de captures d’écran de posts « indélicats » des membres du groupe médical :

Contacté par Wud, les administrateurs du Divan des médecins ont préféré attendre que la pression médiatique retombe avant de réagir. D’autant que l’Ordre des médecins, averti des possibles manquements constatés sur ce gros forum, a l’air furieux des propos « diffamatoires », relevés par les journalistes de l’Obs. « Cette affaire, que nous prenons au sérieux, fera l’objet d’une analyse juridique complète afin de déterminer les procédures qui peuvent être envisagées », a notamment réagi Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Cnom.

Apprendre à dire non aux patients

Si les administrateurs du Divan du médecin souhaitent pour le moment garder silence, il en va tout autrement de certains de ses membres qui le défendent farouchement. Il en va ainsi de Nathalie*, qui ne dépeint pas en rose, pour autant, le comportement de certains de ses membres. « Ils ont tendance par moment à lancer des fatwas contre des médecins qui les critiquent. C’est un fait. Je ne suis pas non plus fan de l’humour carabin, ou encore des Nude challenge. » Cela étant dit, Nathalie reconnait de grandes vertus à ce groupe de discussions : « En cas de doute, quand on a des patients qui attendent, on peut demander un deuxième avis du Divan et avoir une réponse en 10 à 15 minutes. C’est un groupe de discussion professionnel extrêmement utile. » Nathalie récuse aussi les accusations d’homophobie ou de racisme proférées contre ce groupe. Quant au patient bashing dont se rendent coupables certains médecins du groupe, en particulier contre les patients CMU, Nathalie justifie ces attitudes : « Le Divan des médecins m’a appris à ne pas tout accepter des patients. Il m’a appris à dire non à certains patients, il m’a appris à ne pas avoir honte de mettre certains patients dehors. Nous sommes passés de la génération des médecins qui acceptaient tout, à celle qui sait dire non. Et c’est un progrès. » Nathalie rappelle aussi que certains médecins, aux propos particulièrement amers contre les patients, avaient auparavant été notés très défavorablement sur Google. Christian* défend lui aussi l’existence du Divan : « C’est dommage que les journalistes de l’Obs ne se soient pas intéressés à cette collecte pour une consoeur dont le fils était atteint de méningiome. Elle a du abandonner la gestion de son cabinet et était proche de la banqueroute. Grâce au Divan, elle a reçu 30 000 euros qui lui ont permis de sauver son activité ». Le Divan est aussi à l’origine de la création d’un site de télémédecine déontologique, http://www.maquestionmedicale.fr/. Bref, la disparition du Divan, risque de laisser orphelin une commauté de médecins. Et l'heure, maintenant, est à la prudence : "Surveillons les nouvelles adhésions. J'ai déjà vu des groupes facebook où des discussions d'arrière cuisine se sont retrouvées en vitrine décontextualisées et source de violentes polémiques. Le doc bashing est un sport très à la mode malheureusement...", écrivait ce 6 janvier un membre du groupe...

Les gros dossiers

+ De gros dossiers