Démographie médicale : rien de nouveau dans le désert

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L’Ordre présente son Atlas annuel

Démographie médicale : rien de nouveau dans le désert

Comme tous les ans, le Conseil national de l’ordre des médecins a rendu public son Atlas de la démographie médicale. Et comme tous les ans, c’est l’occasion de parler à nouveau du problème des déserts médicaux.

 

C’est un peu un rendez-vous annuel. Les esprits chagrins parleront plutôt d’un marronnier. Quoi qu’il en soit, le Conseil de l’Ordre présentait ce matin la mouture 2016 de son Atlas de la démographie médicale. Le thème central de ce document ? Sans surprise, ce sont les déserts médicaux.

Les chiffres présentés par l’Ordre ne font plus peur tant le phénomène est connu. Il y avait 97 000 généralistes en France en 2007, ils seront 81 500 en 2025. Certains départements, comme la Nièvre et Paris, ont perdu 25 % de leurs praticiens de premier recours depuis 2007.

« 2016, c’est avant 2017 »

Seule nouveauté dans cette morne plaine : le positionnement ordinal, résolument combattif. « L’Ordre veut que cela change ! », tonnait ce matin le Dr Patrick Romestaing, son vice-président. « 2016, c’est avant 2017, il y a un temps politique fort et nous faisons partie de ceux qui vont s’exprimer ».

Et le responsable ordinal de s’appuyer sur les 10 propositions élaborées par le Conseil national à la suite de sa grande consultation de l’année dernière. Car loin de se complaire dans la dénonciation d’une situation, les représentants de la profession souhaitent mettre en avant des propositions et des initiatives concrètes.

Délégation de tâches et télémédecine

La preuve : le petit film (voir ci-dessous) concocté par l’Ordre à l’occasion de la sortie de son Atlas, qui met en lumière des initiatives concrètes pour lutter contre la désertification médicale. Y sont présentées les expériences d’une maison universitaire santé à Dijon, de la délégation de tâche à des orthoptistes au Mans, de la télémédecine à Lens, d’un hôpital local à statut mixte à Belle-Île…

« L’Ordre n’a pas compétence à dicter des mesures qui relèvent du gouvernement », précise cependant le prudent Patrick Romestaing. Remarque d’autant plus avisée que si certaines des solutions qu’il préconise relèvent du champ de la santé (comme par exemple l’augmentation de l’offre de maîtrise de stage universitaire), il en est qui vont bien au-delà.

Repeupler les déserts en aménageant les territoires

« Un médecin qui s’installe a une famille, il a besoin d’une école, il a besoin que son conjoint ait des chances d’emploi », remarquait judicieusement Marie-Caroline Bonnet-Galzy, commissaire générale à l’égalité des territoire, qui participait à la présentation de l’Atlas ce matin.

La morale de cette histoire n’est pas neuve : les déserts médicaux sont au moins autant un problème de santé publique qu’un problème d’aménagement du territoire. Constat peu réjouissant, avec malgré tout une bonne nouvelle : l’Ordre s’en occupe. Et qu’il a l’intention de faire entendre sa voix. Candidats à la présidentielle, vous voilà prévenus.

 

Source:

Adrien Renaud

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