Covid-19 : Un coup de gueule, suivi de l’attente

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Le gouvernement, incapable d’assumer ses responsabilités ? Le 28 mars dernier, neuf médecins de l’AP-HP haussaient le ton dans les colonnes du Monde. Un appel à la responsabilisation qui semble se faire moins véhément quelques jours après l’annonce du troisième confinement.  

Covid-19 : Un coup de gueule, suivi de l’attente

« Le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite ». C’est par ces mots, emplis d’agacement, que neuf médecins de l’AP-HP avaient décidé de qualifier la ligne de conduite du gouvernement dans les colonnes du Monde, le 28 mars dernier. Leur crainte ? Être très bientôt contraints de jongler entre déprogrammations, transferts difficiles et tri des patients. « Ce n’est pas tant la stratégie de réponse sanitaire qui est en cause. Ce qui est en cause, c’est l’absence de transparence sur ses conséquences », précisaient-ils. Dix jours après, où en est-on ?

Face à la troisième vague qui s’abat actuellement en France, un troisième confinement national a été décidé. « Nous faisons ce choix parce que plus aucune région n’est aujourd’hui épargnée ; partout le virus circule vite et de plus en plus vite », indiquait le Président de la République dans une allocution télévisuelle diffusée quelques jours après la publication de la tribune. Un serrage de vis qui devrait durer un mois, selon les premières déclarations du gouvernement.

Du côté des signataires de la tribune, cette nouvelle salve de restrictions a été bien accueillie. « C’est bien qu’il y ait eu de nouvelles mesures », note sobrement Francis Bonnet, professeur d’anesthésie-réanimation et praticien hospitalier de l’hôpital Saint-Antoine (Paris). Une conviction qui s’accompagne pour autant d’une nécessaire prudence. « Nous allons désormais en mesurer l’efficacité, et on croise les doigts pour que cela soit suffisant », poursuit-il.

Pour l’heure pour autant, les craintes formulées fin mars sur la saturation imminente des réanimations d’Ile-de-France semblent s’être quelque peu apaisées. « Aujourd’hui, la situation est inégale, détaille-t-il. Dans mon hôpital actuellement, nous recevons des patients de Seine-Saint-Denis. Nous avons encore un peu de marge ».

Une détente somme toute très précaire qui pousse Francis Bonnet à élargir son appel à la responsabilisation à l’intégralité de la population. « Gouvernement, soignants, citoyens… Tout le monde doit prendre ses responsabilités », indique Francis Bonnet. Et d’ajouter : « On comprend les contraintes de la population générale. Et on le vit aussi en tant que citoyen. Mais en tant que professionnel, nous voulons alerter sur le sujet ».

Pas question pour autant d’oublier de rappeler que ce n’est pas aux soignants de payer les pots cassés induits par la stratégie gouvernementale. « Les soignants n’ont pas su s’organiser, les soignants n’ont pas ouverts assez de lits, les soignants n’ont pas sûr prévenir la première, deuxième et troisième vague… On entend dire beaucoup de choses, mais l’idée est quand même que l’on fait avec les moyens qu’on a », indique Francis Bonnet. 

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