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La ville de Golbasi, à quelques minutes à pied, est un champ de ruines - comme une grande partie de la province d'Adiyaman.
L'hôpital de la ville, à 800 mètres à vol d'oiseau, "ne fonctionne plus du tout" depuis dix jours et sert désormais à regrouper les corps sortis des décombres.
"Des médecins nous ont dit : « là, vous serez très utiles »", explique Isabelle Arnaud, médecin-chef de la mission, venue du Gard.
Sous une des tentes montées en début de semaine par la Sécurité civile française, un patient raconte la nuit du séisme.
"Je voulais m'enfuir mais j'ai percuté un mur, puis un autre mur. Je ne pouvais pas sortir, je suis allé vers la porte mais là encore, je me suis cogné", explique à l'AFP Osman Yuzubuyuk, barbe grise et bonnet noir.
"Puis j'ai vu la fenêtre et je me suis jeté à travers".
Son pied gauche le fait souffrir depuis, mais son état n'inspire pas d'inquiétude.
Osman Yuzubuyuk repart avec des antidouleurs. "Dans trois semaines ça ira mieux", prédit, masque chirurgical blanc sur le visage, Nicolas, médecin-chef et marin-pompier de Marseille qui n'est pas autorisé à donner son patronyme.
L'hôpital mobile baptisé "Escrim" (Élément de sécurité civile rapide d'intervention médicale) peut accueillir une centaine de personnes par jour
Cinquante patients ont défilé avant-hier sous les quelque 1000 m2 de tentes, où sont prêts à intervenir en tout 87 secouristes - 45 sapeurs sauveteurs de Brignoles (Var) et 42 pompiers venus de toute la France, de la Lozère au Haut-Rhin.
Parmi eux, le quartier-maître Abdul, du Bataillon de marins-pompiers de Marseille, né en Turquie.
Sa présence est précieuse : entre deux gardes, il sert d'interprète et assure la liaison avec les officiels turcs.
"Ce qui se passe est très triste, on fait de notre mieux pour faciliter le quotidien de la population locale", explique-t-il, cheveux plaqués sur le côté et fine moustache noire.
L'hôpital mobile baptisé "Escrim" (Élément de sécurité civile rapide d'intervention médicale) peut accueillir une centaine de personnes par jour.
Il dispose d'une maternité, de deux blocs opératoires et d'une unité de réanimation avec huit lits, mais la plupart des patients viennent pour de la petite traumatologie.
Les blessés les plus graves sortis des décombres sont souvent héliportés vers les grands hôpitaux du sud du pays.
"On assure la prise en charge des patients qui ont des séquelles liées au tremblement de terre et le suivi des patients qui n'ont plus de médicaments (pour leur maladie chronique, ndlr). Donc on gère à la fois la phase aiguë de la catastrophe et derrière, la phase plus dispensaire, de surveillance", détaille Isabelle Arnaud.
L'hôpital de campagne est officiellement déployé pour un mois et le quartier-maître Abdul s'en réjouit : "Je suis fier que la France puisse aider mon pays natal", glisse-t-il.
Avec AFP
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