Belgique : l’eldorado des médecins européens

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L’hospitalité fait grincer des dents

Belgique : l’eldorado des médecins européens

La saga des numéros Inami, ces précieuses autorisations qui permettent aux médecins belges d’être conventionnés par leur assurance maladie, c’est un peu comme Guerre et Paix. Tout le monde s’est fait à l’idée que ça ne finira jamais. Et pour cause. Après la rocambolesque saga de la grève des étudiants en médecine (qui, pour la rentrée, réclamaient à cors et à cris plus de numéro Inami), aujourd’hui, c’est aux numéros Inami délivrés aux praticiens étrangers que les syndicats s’attaquent. 

Il y a quelques jours, un rapport du Service public fédéral (SPF) santé publique expliquait qu’ en 2015, 40 % des numéros Inami avaient été attribués à des médecins étrangers ressortissants de l’Union européenne. Une situation d’autant plus gênante que ces numéros Isont soumis à des quotas et que les médecins belges en réclament davantage. «  C’est un problème que l’on a depuis vingt ans et qui n’est pas prêt de se résoudre », constate le Dr Jacques de Toeuf, vice-président de l’Absym, le principal syndicat de médecin belges francophones. 

De la fuite dans les idées

Alors comment expliquer cet afflux massif de ressortissants de l’Union européenne ? « En réalité, une petite moitié de ces 40 % correspond à des étudiants belges partis faire leur études de médecine en Roumanie ou en Bulgarie », explique Jacques de Toeuf. « Les diplômes dans ces pays sont plus simples à obtenir. » C’est une combine bien connue en France aussi : une fois leur diplôme en poche, les jeunes médecins belges n’ont plus qu’à repasser par la mère patrie pour empocher le numéro tant convoité. L’attrait est tel que certaines facultés de médecine comme celle de Bucarest proposent un cursus complet en français. « Notre problème c’est que le niveau de ces formations est inférieur à celui dispensé sur notre territoire », accuse le syndicaliste. « Il faut donc remettre nos jeunes médecins à niveau », ajoute-t-il. 

Do you speak le belge ? 

Il faut dire que les praticiens de l’UE entrent sur le sol belge comme dans un moulin. « Nous n’avons pas mis en place de test linguistique », déplore Jacques De Toeuf. De fait, pour exercer en Belgique francophone, il suffit simplement d’en effectuer la demande auprès du SPF santé publique et de prouver avoir obtenu un diplôme valide de médecine délivré dans un pays de l’UE. La barrière de la langue est presque accessoire. Un détail qui pourrait être sujet à changement si les conclusions du « conclave ministériel » ayant lieu aujourd’hui sur la question, débouche sur des solutions concrètes. 

Source:

Johana Hallmann

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