© CHU Clermont-Ferrand
What's up Doc : Comment est né le projet ?
Mathilde Marlet : Nous sommes parties en formation au Canada. Sur place, nous avons découvert un outil similaire. Il n’était pas aussi développé que Nutty mais nous avons pu nous en inspirer. Il est vrai que dans notre cas, lorsque la juriste reçoit les parents et les enfants pour expliquer la procédure pénale, c'est fastidieux. Il fallait un outil ludique qui permette aux enfants, et aux parents, de bien comprendre les enjeux.
Pamela Bouchet : Pour nous en consultation médicale, lorsque nous réalisons un examen sur demande spontanée ou sur réquisition judiciaire, il y a toujours des questions sur le signalement, la suite de la procédure, et les conséquences pour l'enfant. Ce tapis de jeu permet à l'équipe de situer le patient dans son parcours de façon ludique. Il nous permet aussi à nous, soignants, de parler le même langage en expliquant les choses de la même façon.
Est-ce que vous pouvez me parler un peu plus de ce que on peut retrouver dans le jeu ?
Mathilde Marlet : On parle de jeu mais ce n’ai pas le bon terme. C’est plus un outil pédagogique pour expliquer la procédure pénale aux jeunes. On démarre des violences subies. Puis, avec un pion qui représente le patient, on avance sur le plateau en expliquant ce qu'il va arriver pour chaque étape du parcours judiciaire.
À quelle tranche d'âge se destine l’outil ?
Mathilde Marlet : À partir de 3 ans. Dès lors que l'enfant a acquis le langage finalement. Il ne saisira pas tous les enjeux mais il va pouvoir se représenter le parcours qui l'attend si on lui explique simplement.
Pamela Bouchet : On peut s’en servir jusqu'à l'âge adulte puisqu'on l'utilise aussi pour l'accompagnement des parents. Pour les patients en situation de handicap aussi ! Le visuel et le côté ludique aident à comprendre.
Mathilde Marlet : Par contre les professionnels doivent être formés. Et justement, on utilise aussi Nutty en formation pour expliquer la procédure pénale aux médecins.
« On veut adapter Nutty aux violences conjugales parce qu’il y a une réelle demande et un réel besoin. »
Quels retours avez-vous reçu de la part de ceux qui l'ont utilisé ?
Pamela Bouchet : Au global, on perçoit une meilleure compréhension pour l’enfant. Il comprend où il en est et où il va. On constate donc une baisse de l'anxiété concernant la partie judiciaire. L’avantage de cet outil aussi, c'est qu'on peut le réutiliser à n'importe quelle étape de la procédure pénale.
Souvent, on ne va pas expliquer tout d'un coup. Typiquement, lorsque c’est à mon tour, donc l’examen médico-légal, je vais expliquer mon rôle, ce que je vais faire et pourquoi c’est important.
Vous parlez de 80 précommandes. Nutty est donc voué à être commercialisé. Mais à qui ?
Mathilde Marlet : Il se destine aux professionnels qui vont accueillir des enfants victimes dans leur pratique de tous les jours : des avocats, des unités d’accueil pédiatriques (UAP), des centres médico-psychologiques (CMP), etc.
Pamela Bouchet : Il y a un brevet qui a été déposé par le CHU de de Clermont-Ferrand. On prend les précommandes via une adresse mail. Lorsque la production sera lancée, on préviendra les acheteurs. Plus tard, l'idée c'est qu'on puisse dupliquer l’outil pour les patients victimes de violences conjugales parce que c'est une thématique spécifique.
Vous pouvez développer ?
Pamela Bouchet : On veut adapter Nutty aux violences conjugales parce qu'il y a une réelle demande et un réel besoin. Nous avons constaté les bienfaits de l’outil sur les enfants. On pense que ce serait également profitable aux victimes de violences conjugales. C’est un parcours judiciaire avec tellement de spécificités, notamment sur le cycle de la violence, qu'elles doivent être évoquées en profondeur.
L’e-mail pour précommander Nutty : eprred@chu-clermontferrand.fr