Angleterre : les junior doctors votent « non », le gouvernement s’en fout

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L’autre référendum

Angleterre : les junior doctors votent « non », le gouvernement s’en fout

Les junior doctors anglais, en conflit avec leur gouvernement à propos d’un nouveau contrat de travail, ont massivement rejeté hier par référendum un accord de compromis. Mais cela ne semble pas suffire à faire plier leur ministre de tutelle.

 

Le parallèle est frappant. Moins de deux semaines après la décision des électeurs britanniques de quitter l’Union Européenne, les jeunes médecins anglais étaient appelés aux urnes. Et, ainsi que l’explique la BBC, ils ont eux aussi décidé de tout envoyer paître.

Résumé des épisodes précédents

L’enjeu du scrutin occupe les médecins d’Outre-Manche depuis des mois : le nouveau contrat des junior doctors avec le NHS, le système de santé publique hégémonique au Royaume-Uni, employeur de l’immense majorité des praticiens du pays.

Le gouvernement proposait aux jeunes médecins une augmentation de salaire en échange d’une réduction des plages horaires payées en heures supplémentaires. Un deal qui n’était pas du tout du goût des junior doctors, qui ont multiplié les journées de grève pendant des mois.

Pour sortir de l’impasse, la British Medical Association (BMA, principale organisation représentant les médecins) et le gouvernement avaient accepté une procédure de conciliation. Le résultat était un texte de compromis, qui a été soumis aux adhérents de la BMA. Ceux-ci l’ont hier rejeté à 58 %.

Conséquences politiques

Comme dans le cas du référendum sur le Brexit, celui des junior doctors n’a pas été sans conséquences sur le leadership. Johann Malawana, président de la section « jeunes médecins » de la BMA et principal négociateur de l’accord, a dû démissionner.

Et comme dans le cas du Brexit, que Downing Street a bien l'intention de ne pas mettre en œuvre trop vite, le gouvernement a décidé de ne pas trop s'attarder sur la décision des adhérents de la BMA.

Un référendum ? Quel référundum ?

Le Secrétaire à la santé Jeremy Hunt est en effet résolu à imposer tout de même le nouveau contrat. « Nous nous trouvons dans un no man’s land qui ne peut être que dommageable au NHS », a-t-il indiqué hier à la Chambre des communes.

Une décision que regrette le Dr Ellen McCourt, la nouvelle cheffe de file des jeunes médecins de la BMA, citée par le Financial Times : « En choisissant cette option plutôt que de s’attaquer aux immenses problèmes qui ont mené au rejet du contrat par de nombreux junior doctors, le gouvernement ne fait que repousser les difficultés à plus tard », explique-t-elle.

Que l’on parle du Brexit ou des junior doctors, c’est donc l’incertitude qui domine. Dans un cas comme dans l'autre, la vie post-référendum semble se dérouler dans une atmosphère que les Anglais connaissent bien : le brouillard.

Source:

Adrien Renaud

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