Vaccination des soignants : Agnès Buzyn hausse le ton

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Vers des mesures plus incitatives... voire coercitives

Vaccination des soignants : Agnès Buzyn hausse le ton

Lors de la conférence de lancement de la campagne de vaccination contre la grippe 2017-2018, la ministre a regretté que seuls un quart des professionnels de santé étaient « couverts », avec de très fortes disparités entre les professions médicales et paramédicales. Agnès Buzyn a présenté un plan pour pousser les soignants « à montrer l’exemple », dit-elle. 

Les soignants rappelés à l’ordre ! Le taux de vaccination antigrippale des professionnels de santé « ne peut pas rester à 25 % », a estimé mercredi la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, lors de la conférence de presse de lancement de la campagne 2017-2018. 

« Parce que ce dispositif collectif est primordial, j'enjoins aux professionnels d'adopter une conduite exemplaire en veillant à ne pas propager involontairement l'infection », a-t-elle exigé dans des propos rapportés par l’APMnews.

Montrer l’exemple

Pour la locataire de l’avenue Duquesne (Paris) c’est clair, les soignants doivent montrer l’exemple aux patients, et pas l’inverse. « On ne peut pas rendre obligatoire la vaccination pour les enfants et ne pas donner l'exemple en tant que soignant », a-t-elle souligné, en mettant en avant un « enjeu de crédibilité de l'action publique ».

Et la ministre de mettre la pression sur les personnes capables de changer la donne. L'ex-présidente de la HAS a expliqué avoir demandé aux responsables d'établissements de faciliter l'accès à la vaccination et avoir abordé cette question avec les syndicats de médecins libéraux et de paramédicaux. « Je leur ai dit que je comptais sur leur mobilisation ». Une demande lancée comme une bouteille à la mer ? Pas si sûr... 

La menace de la coercition

Si les médecins ne se rangent pas, la ministre prévient. Elle n'hésitera pas à utiliser d'autres méthodes que le dialogue. Agnès Buzyn a en effet indiqué qu'elle envisagerait des mesures « plus incitatives, voire coercitives ». « On ne peut pas travailler avec des personnes très âgées sans leur assurer cette protection minimale qu'on leur doit », a-t-elle ajouté. 

Des propos qui vont sûrement faire réagir la profession dans un contexte où le fait d'élargir l'obligation vaccinale à 11 maladies passe déjà mal chez certains médecins. On se souvient, c'est vrai, du récent coup de gueule du Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE) à ce sujet. Or la ministre, une fois de plus, envisage de recourir à l'obligation.

Une bataille à coup d’études

De plus, l'intérêt de la vaccination des professionnels de santé pour éviter la transmission de la grippe aux résidents de maisons de retraite a fait l'objet d'une revue Cochrane en 2016. Ces travaux suggèrent que cette mesure pourrait n'avoir que peu ou pas d'effet sur les cas de grippe confirmée en laboratoire, rappelle l’APM.

Mais face aux sceptiques, la ministre ne cesse de marteler que la vaccination permet d'éviter environ 2 000 décès par an. « Si le taux de couverture vaccinale était de deux tiers, 3 000 vies en plus pourraient être sauvées » chaque année, a-t-elle conclu. On verra si l'argument aura fait mouche auprès des médecins allergiques aux piqûres.   

Source:

Bruno Martrette-Gomez

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