Temps de travail : le Dr Off inconnu au bataillon

Article Article

Conclusions du sondage de WUD

Temps de travail : le Dr Off inconnu au bataillon

La semaine dernière, What’s up Doc vous interrogeait sur votre temps de travail. Nos conclusions sont sans appel : prenez le temps de respirer !

Niveau pause, c’est comment ? Suite à la sortie de notre dernier numéro consacré au temps de travail, la rédac’ vous a interrogés sur votre emploi du temps. Résultat : gare au burnout !

A la question « Comment trouvez-vous votre temps de travail ? », la grande majorité des 600 répondants de notre sondage souligne qu’ils ont un emploi du temps chargé avec néanmoins un ressenti différent. Ainsi, 38 % trouvent leur rythme « plutôt costaud » mais assument « le côté sacerdotal ». De l’autre côté, ils sont 33 % à trouver leur temps de travail « effarant » et avouent ne pas savoir combien de temps ils seront encore capables de garder le rythme.

C’est bien simple, très peu de nos sondés trouvent leur emploi du temps adapté à leur tempo (15 %) ou « parfait » (12 %). Pour la petite anecdote, 2 % affirment qu' « en toute franchise, je me la coule douce ! » (Promis, on ne vous dénoncera pas).

Erreur médicale en vue

« Je connais bien les conditions de travail des internes et ces résultats ne me surprennent pas », commente Valérie Auslender, généraliste à Sciences Po et auteure du livre « Omerta à l’hôpital » consacré aux violences à l’hôpital. « Cela engendre des risques sur leur santé physique et mentale tout en ayant des conséquences sur les patients », ajoute-t-elle. Valérie Auslender rappelle aussi la corrélation entre le non-respect du repos de sécurité et l'erreur médicale. Celle-ci a en effet été pointée du doigt dans des rapports récents de l’INSIH  (1).

Selon la généraliste, pas de doute, la cause de tous ces maux n’est autre que le tournant gestionnaire. « Aujourd’hui, on privilégie la rentabilité sur la qualité des soins. On ne met plus les effectifs nécessaires dans les services », regrette-t-elle. Conséquence : le dysfonctionnement du système hospitalier va de l’interne au chef de clinique, en passant par le praticien hospitalier.

« On finit par oublier la normalité »

A priori, nous pourrions penser que les jeunes médecins ont l’occasion de décompresser en dehors de l’hôpital et du cabinet. Sauf qu’en réalité, moins de la moitié d’entre eux estime avoir le temps de pratiquer une activité sportive (46 %) ou d’avoir recours à des loisirs (39 %). Pire, à peine plus de la moitié des répondants considère voir suffisamment leur famille et leurs amis. Même le sommeil n’est pas épargné puisque que vous ne seriez que 61 % à suffisamment dormir.

« Dès l’instant où il y a négation des droits fondamentaux comme l’impossibilité de manger ou de dormir, il s’agit d’une forme de maltraitance », juge Valérie Auslender. Et très tôt, les médecins apprennent à ne pas se plaindre. « Dès le début, on nous fait comprendre qu’il faut souffrir pour y arriver. On finit par oublier la normalité », souligne-t-elle. 

Malgré tout, il reste les vacances me direz-vous. Mais n’y comptez pas trop. Seul 36 % des interrogés avouent ne pas travailler du tout pendant leurs congés. « Il faut une prise de conscience des pouvoirs publics auquel cas il y aura de plus en plus de suicides à l’hôpital », insiste la généraliste. Peut-être est-il temps de lever le pied non ? 

(1) Intersyndical national des internes des hôpitaux, 
Enque^te « Internes en me´decine : gardes, astreintes et temps de travail ». Septembre 2012. 

Source:

Im`ene Hamchiche

Les gros dossiers

+ De gros dossiers