Système de santé : le match présidentiel des mutuelles

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Thierry Beaudet vs Didier Tabuteau

Système de santé : le match présidentiel des mutuelles

Le président de la Mutualité Française a débattu avec Didier Tabuteau ce matin. Proche d'Emmanuel Macron, ce dernier n'a pas répondu favorablement à toutes les attentes des complémentaires santé. 

Les oreilles des précédents ministres de la santé ont sifflé ce matin. Le deuxième rendez-vous des « Contrepoints de la Santé » a donné lieu à un débat animé à l’Opéra Restaurant (Paris). Sur le round ce mercredi, Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française, était opposé à Didier Tabuteau, responsable de la Chaire santé de Sciences Po.

L’enjeu du match : comment passer d’un financement de la santé inefficient et coûteux à un système vertueux pour une meilleure santé des Français. Le tout bien évidemment dans la perspective du nouveau quinquennat qui démarre. Ces personnalités du secteur de la politique de santé n'ont eu qu'un seul crédo : le changement c'est maintenant M. Macron !

L'accès aux soins au centre des débats

Le premier à prendre la parole a été le patron des mutuelles. Il s’est directement adressé au futur locataire de l'Elysée. « Vous devrez apporter des réponses aux populations abandonnées. Celles qui par exemple ne trouvent plus de médecin traitant ». Pour Thierry Beaudet, l’affichage libéral du candidat d’En Marche ! ne doit pas s’arrêter aux frontières de la santé…

Proche du staff santé du nouveau Président, Didier Tabuteau partage le diagnostic. C’est sur le remède que l’ordonnance diffère. Ce dernier a plaidé pour un traitement radical : la création d’une Assurance maladie universelle.  « Le rassemblement de la Sécurité sociale et des mutuelles permettrait de faire des économies substantielles », a-t-il avancé. Défendue aussi par Martin Hirsch (1), la proposition a pour but d'en finir avec les frais de gestion des complémentaires qu'ils jugent « trop élevés ». 7 milliards d'euros, selon eux.

Des positions irréconciliables 

Sauf que Thierry Beaudet a qualifié cette solution d’ « irréaliste ». Idem pour Guillaume Sarkozy, président de la Fondation Malakoff Médéric Handicap, qui pestait dans la salle. Ces deux mutualistes estiment que l’Assurance maladie avec ses 13 milliards d’euros de dette sociale ne pourra jamais supporter un tel transfert. Ainsi, il se sont réjouis que le candidat Emmanuel Macron avait écarté ce choix défendu notamment par Jean-Luc Mélenchon. Avec autant de points d'accord, le risque d’un statut quo a été évoqué par les organisateurs du débat (Philippe Leduc et Pascal Maurel).

Il fut balayé d’un revers de main par les deux invités. Ces derniers ont conclu les échanges en martelant leurs positions. Didier Tabuteau : « L’Assurance maladie doit tout rembourser. A minima, les citoyens devraient avoir le choix entre un guichet unique et le régime actuel ». Thierry Beaudet a plaidé pour plus d’émulations dans le secteur, « surtout pas de monopole », a-t-il lâché.

Le come-back du tiers payant  

Et c'est dans leur dernière prise de parole que les deux hommes ont enfin trouvé un terrain d'entente. Sur le sujet du tiers payant généralisé. Pour Thierry Beaudet, « il s’imposera aux médecins car les patients l’exigeront ». Didier Tabuteau aussi est favorable à cette mesure : « Si on laisse le choix au patients, il sera généralisé très rapidement », a pronostiqué cet expert. Les médecins n’attendent plus que la décision finale d'Emmanuel Macron qui est resté un peu vague sur ce thème pendant la Présidentielle.

Au passage, l’auditoire n'a pas assisté à l'éternel débat sur les réseaux de soins. Est-ce que les mutuelles ont l'intention de faire pression sur les nouveaux pouvoirs publics pour y faire adhérer les médecins ? Nul ne sait. Mais cela aurait sans doute été la goutte d'eau qui fait déborder le vase des libéraux !  

(1) Directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source:

Bruno Martrette-Gomez

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