Article
Le ministère de la Santé a publié ce mercredi un document résumant la Stratégie Nationale de Santé que traduira (SNS) Agnès Buzyn dans son action politique. La prévention et la gestion des déserts médicaux figurent parmi les axes prioritaires.
Agnès Buzyn communique. Elle communique beaucoup. Elle répète inlassablement, dans Libération, chez Jean-Jacques Bourdin ou à What’s up Doc, ses axes de travail en tant que ministre de la Santé pour les années à venir. Ce mercredi, le ministère a finalement publié sur son site internet un document résumant en une centaine de pages la Stratégie Nationale de Santé (SNS) pour la période 2018-2022.
Rien de bien neuf par rapport à celui de cet automne. La SNS repose sur quatre grands axes : la prévention, les inégalités territoriales d’accès à la santé, la qualité des soins et l’innovation.
La voix du peuple
Une consultation publique sur la première mouture du SNS avait été ouverte au mois de novembre dernier. Plus de 5 000 réponses ont été enregistrées, pour la plupart en provenance de professionnels de santé ou d’associations. Et ces remarques ont tout de même amené des réflexions qui figurent dans le projet final.
« Il n'y a pas eu de changement de cap par rapport au texte de départ qui a été soumis à la consultation et qui s'appuyait sur le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), mais nous avons pris en compte plusieurs remarques », a déclaré Agnès Buzyn lors d’un entretien accordé ce mercredi à l'APMnews.
Les participants ont notamment incité le Gouvernement et les instances de santé à réfléchir sur des champs d’avenir du système de santé, à savoir le numérique, la robotisation et l’intelligence artificielle.
La pertinence ajoutée en urgence
Autre thématique qui a fait son apparition : la pertinence des soins, qui est devenue en quelques semaines un sujet de poids dans la politique de santé. Une enquête menée par la FHF et publiée fin novembre sur les disparités régionales dans le recours aux actes chirurgicaux a mis le feu aux poudres, et fait rentrer le sujet de plain-pied dans la stratégie concoctée par les autorités sanitaires.
« Aujourd'hui, on évalue beaucoup les procédures, mais on est encore peu capable de dire ce qu'est le bon soin, pour la bonne personne, au bon moment. Mon ambition dans ce ministère est d'embarquer l'ensemble des professionnels vers les bonnes pratiques », a confirmé Agnès Buzyn.
La pédopsychiatrie totalement sinistrée
Lors de son entretien avec l'APMnews, Agnès Buzyn a également évoqué la nécessité de mettre en place des indicateurs plus performants, qui permettront notamment de juger l’impact des politiques sanitaires. « J'ai demandé à la Haute Autorité de Santé (HAS) de produire des indicateurs sur la qualité des parcours de soins et sur la qualité des soins populationnels », a-t-elle précisé. « Il faut aller vers quelque chose de moins administratif et de plus médicalisé. Quand on utilise, par exemple, comme indicateur de lutte contre les maladies nosocomiales, le nombre de litres de solution hydro-alcoolique dans un établissement, on voit que c'est très limité ».
La SNS fait aussi la part belle à la santé des enfants et adolescents. En étendant la gamme des diagnostic prénataux, en accompagnant mieux les parents sur la prévention, qu’elle soit pré- ou postnatale, en les incluant au mieux dans l’éducation en santé, et en luttant pour l’insertion des enfants handicapés et contre les violences. Agnès Buzyn souhaite en particulier que soit mis l’accent sur la pédopsychiatrie, « totalement sinistrée ». Que ce soit dans le dépistage, ou dans l’accès aux soins.
Pour valider tous ces projets, un décret est en préparation. Il devrait être publié avant le 31 décembre.
EDIT : Le décret interministériel fixant la stratégie nationale de santé a été publié au Journal Officiel du dimanche 31 décembre.
Crédits photo : Le seigneur des anneaux : la communauté de l'anneau (New Line Cinema)
Source:
Jonathan Herchkovitch