Peut-on dispenser une formation en DPC sur la fertilité, tout en étant un fervent critique de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ? A priori c’est possible à l’université Lyon 1, comme le signale Elsa Deschézeaux, interne en médecine générale, féministe, et « sinistre emmerdeuse », comme elle se présente sur son compte Twitter. Elsa Deschézeaux signale en effet la présence du professeur René Écochard à l’université Lyon 1, es qualités de responsable pédagogique du module de DPC « Restauration de la fertilité ». Elsa accuse entre autres le vénérable professeur lyonnais, qu'elle appelle "monsieur Anti-IVG", « de publier fréquemment sur des sites catholiques et notamment sur le site de désinformation http://ivg.net ».
Bonjour @UnivLyon1
J'ai découvert l'existence du Pr René Écochard cet après-midi
Ce monsieur anti-IVG publie fréquemment sur des sites catholiques et notamment sur le site de désinformation https://t.co/MQ2SS2Eiup
Il anime une formation DPC sur la fertilité chez vous pic.twitter.com/JF0bEcG2pj— Elsa Dechézeaux (@Elsa_Dechezeaux) September 17, 2019
Sans être exhausif dans notre recherche, nous avons facilement retrouvé des articles signés Ecochard sur le site ivg.net. Dans un papier intitulé : « IVG et troubles psychologiques », le professeur commence ainsi : « IVG et troubles psychologiques : quels liens ? Il est fréquent de demander à la science de prouver l’imputabilité de l’IVG dans les souffrances et les maladies psychologiques, voire des suicides observés après une IVG. Mais la science ne le peut pas ! Nous verrons pourquoi. Dans le fond, est-ce vraiment nécessaire ? » Une introduction déstabilisante, venant d’un homme de sciences… Le professeur Écochard dirige par ailleurs le comité de rédaction du site postivg.org. Le site se fixe pour vocation de relater « les très nombreuses études scientifiques et documents de recherche qui étudient l’IVG sous l’angle de ses éventuelles conséquences sur la santé mentale ». À lire les titres des études reproduites sur ce site, on peut raisonnablement penser que leurs auteurs ne plaident pas, loin s’en faut, pour l’IVG : « Incidence et récidive de troubles mentaux courants après un avortement », « Diminution de la mortalité pendant la grossesse et pendant un an après, tandis que la mortalité après interruption de grossesse reste élevée », « Stress post-traumatique et syndrome de stress post-traumatique après l'interruption de grossesse ». Outre son module de DPC sur la fertilité, le professeur Écochard enseigne aussi la biostatistique au CHU de Lyon. Certaines étudiantes se rappellent d’ailleurs l’avoir eu comme prof :
Ecochard? C'était mon prof D'UE4 je crois en p1
— Eli (@elimioum) September 17, 2019
Le professeur Écochard est par aillleurs marié avec une femme médecin qui semble partager sa philosophie de vie :
Son épouse Isabelle Ecochard est médecin notamment au sein de la maison médicale Gabriel (Lyon 3e) soutenue par le chef d'entreprise Patrick Récipon très engagé contre l'avortement et fondateur du Réseau Vie. J'avais pu l'interviewer.
— Elise LC (@eliselastella) September 20, 2019
Dans le grand Ouest, les étudiants en médecine n’ont rien à envier à ceux de Lyon1. Faute d’avoir le professeur Écochard, ils ont droit au maitre de conférence Philippe Piloquet.
On me signale en DM que le maître de conférences Philippe Piloquet, président de SOS Tout-Petits, donne notamment des cours d'embryologie en PACES et 2e année de médecine à Nantes @UnivNantes @CHUnantes
Confrères anti-IVG, facs et CHU complices https://t.co/1Z8uoY2sfC pic.twitter.com/yWAK6XFK21
— Elsa Dechézeaux (@Elsa_Dechezeaux) September 17, 2019
S'il a rédigé un QCM et des exercices corrigés en embriologie pour les Paces, le Dr Piloquet enseigne l'imagerie médicale à l'université de Nantes. Or, ce maitre de conférence est aussi président de l’association « SOS touts petits ». Derrière cet intitulé inoffensif se cache une association opposée à l’avortement, la contraception, et au mariage entre personnes de même sexe. Entre 1986 et 1997, l’asso a mené des commandos anti-IVG pour empêcher le fonctionnement d’établissements médicaux pratiquant l’avortement. Jusqu’en juillet 2015, des plaintes ont été déposées contre des membres de SOS Touts petits pour délit d’entrave : des membres de l’association s’étaient introduits dans les locaux du centre de planning familial de Port-Royal pour dissuader les femmes présentes d’avorter. Autant dire que les étudiants en médecine de Nantes sont, aussi, entre de bonnes mains…