Paris devient la capitale de la lutte contre le VIH

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Faisons de la Ville Lumière celle de l'amour sans sida !

Paris devient la capitale de la lutte contre le VIH

Anne Hidalgo, Maire de Paris, et Michel Sidibé, directeur d’ONUSIDA, présenteront jeudi le rapport ONUSIDA 2017 « Vers la fin du sida : le progrès vers les objectifs 90-90-90 » (1). L’occasion de faire le point sur la lutte de la capitale contre le VIH alors que s’affiche sur ses murs une campagne qui renouvelle radicalement le discours sur le virus : #FaisonslAmour

Zéro nouvelle contamination par le VIH dès 2030, c’est l’objectif que s’est fixée l'actuelle Mairie de Paris, avec ses partenaires de l’ONUSIDA et plus de 230 grandes villes du monde. En juillet 2017, Lutèce se fait donc capitale internationale de la lutte contre le sida. Pour cela, la Ville Lumière affiche depuis quelques jours sur ses murs une campagne qui renouvelle radicalement le discours sur le virus. Son slogan : « FAISONS de Paris la ville de L’AMOUR sans sida ! »

« Nous avons voulu une campagne engagée et qui montre des portraits de Parisiennes et de Parisiens sans discrimination, sans préjugé et dans toute leur diversité. C’est une démarche inédite et c’est une grande fierté pour nous », a déclaré Anne Hidalgo dans un communiqué.

Une campagne sans tabou

Cependant, l’édile n’occulte pas le fait que nous ne sommes pas tous égaux face au risque d'infection. A Paris comme dans le reste de la France, l’épidémie touche de façon disproportionnée certains groupes de la population. Les hommes ayant des relations sexuelles entre hommes (HSH) représentent par exemple 52 % des découvertes de séropositivité VIH à Paris. Et les personnes hétérosexuelles nées à l’étranger 38 %. Par rapport à la population hétérosexuelle née en métropole, le risque d’être exposé au VIH est donc 200 fois plus élevé pour les HSH, 70 fois plus élevé pour les femmes originaires d’Afrique subsaharienne et 30 fois plus élevé chez les hommes hétérosexuels originaires d’Afrique subsaharienne.

Résultat, la municipalité parisienne assume totalement le parti pris de s’adresser particulièrement à celles et ceux qui sont surexposés au VIH. Les six Parisien.nes figurant sur ces affiches appartiennent ainsi à ces minorités (soit deux hommes gays, un homme séropositif, une femme trans, une femme et un homme originaires d’Afrique subsaharienne ou des Caraïbes).

Les médecins en 1ère ligne

Devant la caméra de What’s up Doc, le Dr Bernard Jomier, chargé de la Santé à la Mairie de Paris, nous a confiés : « C’est une campagne de santé publique très importante parce qu’à Paris le VIH reste très présent (…) Et même chez les jeunes gays, l’épidémie a progressé ces dernières années ».

Alors pour inverser la tendance, l’adjoint d’Anne Hidalgo appelle les médecins à se mobiliser : « On ne gagnera le combat du dépistage du VIH qu’en associant les MG et les médecins de proximité. La communauté médicale francilienne ne doit pas compter seulement sur les centres de dépistage (CeGIDD) ou les consultations hospitalières pour faire ce travail », a-t-il ajouté lors de sa Consult'. 

Pour regarder l'intégralité de la Consult’ de Bernard Jomier, cliquez ici.

Par ailleurs, soulignons que cette campagne portée par la puissance publique montre pour la première fois (en France) qu’une personne séropositive sous traitement ne transmet pas le VIH et que le traitement antirétroviral préventif (PrEP ou Prophylaxie Pré-Exposition) protège du VIH.

Cette année, Paris a d’ailleurs renforcé l’offre de consultations PrEP à travers le financement de 11 vacations hebdomadaires dédiées à cette nouvelle stratégie dans les centres de dépistage parisiens, hospitaliers et non hospitaliers, soit 1 000 patients supplémentaires. Un effort de plus qui se traduit par un important investissement financier pour Paris : la ville a en effet consacré 28 millions d’euros à cette cause depuis 2001, au bénéfice chaque année de plus de 500 000 personnes. Sans doute le prix à payer pour faire l'amour tranquille ! 

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La suite de la stratégie parisienne

La stratégie parisienne pour mettre fin au sida, adoptée à l’unanimité par le Conseil de Paris le 18 mai 2016, est déjà bien avancée. Elle permet dès 2017 de :

-Doubler les dépistages communautaires des associations intervenant auprès des migrants et des populations afro-caribéennes dans les quartiers prioritaires.

-Déployer les autotests comme solution complémentaire favorisant le dépistage fréquent pour les personnes les plus exposées : en négociant un tarif unique pour les associations et centres habilités à délivrer gratuitement des autotests.

-Créer des consultations avancées de dépistage, à horaires aménagés, dans des centres dédiés à la santé sexuelle gaie à Paris

(1) Comme le rappelle l’ONUSIDA, on estime qu’il suffirait d’atteindre les « 3x90 » pour faire baisser radicalement les contaminations : soit 90% des personnes qui vivent avec le VIH diagnostiquées; 90% des personnes diagnostiquées sous traitement; 90% des personnes sous traitement avec une charge virale indétectable. Un objectif à atteindre dès 2020 pour mettre fin à la transmission en 2030. 

Source:

Bruno Martrette-Gomez

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