Papillomavirus : un appel pour une vaccination gratuite

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50 sociétés savantes et syndicats médicaux appellent à vacciner gratuitement toutes les filles et les garçons contre le papillomavirus. Une mesure qui pourrait éviter plusieurs milliers de cancers chaque année.

Papillomavirus : un appel pour une vaccination gratuite

C'est une petite révolution. Cinquante sociétés savantes et syndicats médicaux lancent un appel aux pouvoirs publics pour une "vaccination universelle gratuite ou remboursée, sans distinction de sexe ou de risque" contre les papillomavirus responsables de nombreux cancers et d'autres maladies, vient d’annoncer Sciences et Avenir.
 
L'appel réunit des académies (médecine, chirurgie, pharmacie, sciences infirmières), des collèges et syndicats professionnels (infirmiers, de sages-femmes, CSMF ...), des institutions (Ligue contre le Cancer, agence de l'OMS pour le cancer/CIRC/IARC) et des personnalités comme les Prs René Frydman (gynéco-obstétrique) et Alain Fisher (immunologie pédiatrique, Collège de France).
 
Décidé à éliminer les "cancers induits" par ces virus, le collectif scientifique préconise d'augmenter la couverture vaccinale des populations déjà ciblées en rétablissant activement "la vérité scientifique et donc la confiance" vis-à-vis de ces vaccins "très bien tolérés". Mais aussi "d'organiser un dépistage efficace" avec l'utilisation des tests de détection de la présence de ces virus dans des prélèvements de cellules.

En France, cette vaccination est déjà recommandée et remboursée pour trois populations: les jeunes filles de 11 à 14 ans, les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) jusqu'à 26 ans, et les patients immunodéprimés. Mais "cette politique de prévention peine à atteindre ses objectifs: la couverture vaccinale chez les jeunes filles avoisine les 20%, loin de l'objectif fixé par le plan Cancer (60%) ", souligne le collectif.

6.300 cancers par an

Les jeunes filles sont insuffisamment vaccinées, poursuit l’appel. Quant aux jeunes garçons qui ne bénéficient ni de la vaccination, ni d'une protection indirecte via une couverture vaccinale élevée chez les filles (immunité de groupe), ni d'un dépistage, ils sont particulièrement exposés au risque d'infection par les papillomavirus. Or, un tiers des cancers liés à ces virus et la moitié des verrues génitales touchent les hommes.
 
Et de donner quelques chiffres éloquents. En France, plus de 6.300 cancers par an sont liés aux papillomavirus: col de l'utérus (2.900), pharynx (amygdales, 1.400), anus (1.512), vulve, vagin, pénis (500). De surcroît, ces virus sont impliqués dans près de 35.000 lésions précancéreuses du col utérin dont les traitements exposent à des risques (accouchement prématuré et/ou fausses couches). Ils sont également à l'origine de quelque 100.000 diagnostics de verrues génitales avec des récidives fréquentes et des traitements retentissant sur la vie sexuelle et affective.

La Haute autorité de santé (HAS) devrait rendre courant 2019 un avis sur l'opportunité d'étendre la vaccination aux garçons.
 

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