NPC : « On veut une vraie revalorisation, pas du ‘Canada dry’ »

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En pleine réflexion sur le statut des Nouveaux praticiens contractuels (NPC), l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) dénonce une revalorisation largement insuffisante pour un personnel pourtant indispensable. Entretien avec Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH.

NPC : « On veut une vraie revalorisation, pas du ‘Canada dry’ »

WUD : En novembre, l’INPH a voté contre le décret relatif aux statuts des NPC, que lui reprochez-vous ?

Rachel Bocher : Actuellement dans les hôpitaux publics, il y a des praticiens hospitaliers ou hospitalo-universitaires et des praticiens contractuels, qui sont présents en cas de postes vacants, de maladies. Cela permet de poursuivre une activité. On ne peut pas faire sans les praticiens contractuels. Dans mon service par exemple, j’ai un jeune médecin qui part au Québec en janvier, un contractuel en attendant.

Mais on ne peut pas proposer des salaires de misères aux contractuels, sinon il n’y aura plus personne. Aujourd’hui il y a 20% de postes vacants pour les praticiens hospitaliers. Si on met des contractuels, il faut une juste revalorisation pour donner envie de prendre le poste le temps de recruter les médecins qui viennent d’avoir le concours ou en cours de mutation. Le plancher de rémunération proposé par ce projet de décret pour les NPC est plus de 20% inférieur à l’actuel plancher de Praticien Hospitalier Contractuel (PHC).

WUD : Que demandez-vous ?

RB : Nous demandons une réévaluation du salaire plancher à 49 568 euros, qui devrait être le seuil minimum du nouveau statut NPC, soit 20% de plus. Il faut un plancher et un plafond à une valeur suffisante. Par ailleurs, il ne faut pas que ce soit laissé à l’appréciation d’un arrêté. Il faut que la grille, entre plancher et plafond, propose une rémunération équitable avec des critères objectifs, notamment tenir compte de l’ancienneté. L’INPH demande aussi que les praticiens attachés en CDI puissent être intégrés dans le corps des praticiens hospitaliers.

Je vais avoir un jeune médecin de 37 ans, chef de clinique qui est parti dans un établissement ordonnance 51, il va avoir un statut de contractuel en attendant, il ne peut pas revenir au premier échelon, il faut une revalorisation en fonction des compétences et de l’ancienneté, cela parait logique. Sinon dans nos équipes on aura plus personne pour remplacer une arrêt maladie, un congés maternité, des mutations, un départ à la retraite. On se prive de la fluidité de passage d’un statut à l’autre. Il faut que certains puissent revenir dans la grille avec une juste rémunération.

WUD : Quelles sont les prochaines étapes ?

RB : Nous avons voté contre, donc théoriquement, ils peuvent passer outre ou retravailler le texte. Mais le gouvernement est très embêté, on arrive sur l’hiver avec la pandémie en suspens, il devient difficile de trouver des PH. Ces décrets doivent être des étapes vers une revalorisation et une remédicalisation de l’hôpital public. Si c’est pour faire du ‘Canada dry’, ça ne marche pas. L’intérim a de beaux jours devant lui ! Quand on avance sur le statut il faut le faire de façon cohérente, claire et lisible, le NPC c’est illisible pour ceux qui en ont besoin. Là, c’est contre-productif.

WUD : Quelle est la situation actuelle pour les médecins hospitaliers et les pistes d’amélioration ?

RB : Aujourd’hui, une première étape a été franchie mais cela ne peut pas suffire, il y a encore un besoin de travailler la durée, 32 ans, c’est trop long. Quant à la revalorisation de 200 euros brut par mois, soit 150 euros net environ, c’est méprisant.

Le management doit aussi être davantage travaillé. Il faut avoir des équipes plus denses à l’hôpital public, pour partager différentes missions aussi bien de soins, de prévention, d’enseignement et de recherche. On ne pourra le faire que si on a des équipes suffisamment denses pour répartir ces missions. La revalorisation est aussi bien financière qu’intellectuelle. Aujourd’hui il y a des efforts mais c’est insuffisant.

 

 

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