Les pharmaciens font la lecon à Familles Rurales

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Une histoire de statistiques

Les pharmaciens font la lecon à Familles Rurales

Alors que l’enquête de Familles Rurales sur le prix des médicaments en vente libre s’étale dans les médias, les syndicats de pharmaciens réagissent. Ils démentent les conclusions pointant une hausse moyenne de 4,3 %.

« Le prix des médicaments en vente libre a encore augmenté entre 2016 et 2017, de 4,3 % en moyenne », conclut une enquête de l’association Familles Rurales. Une information qui a circulé, et a été reprise un peu partout dans les médias depuis le 12 décembre.

L'emballement n’a pas plu aux syndicats de pharmaciens. Le jour même, ils n’ont pas manqué de réagir. Les deux principaux, la FSPF (1) et l’Uspo, ont vivement démenti les conclusions de Familles Rurales.

Avec ça, un petit échantillon ?

Le premier rappelle dans un communiqué de presse que « les données IMS Pharmastat issues d’un panel de 14 000 pharmacies montrent, sur ces 11 produits, une évolution moyenne annuelle du prix public TTC de 0,71 % ». Loin des 4,3 % donc, et même en dessous de l’inflation – estimée à près de 1 % par l’Insee. Il ajoute que la taille du panel (40 officines) ne représente que 0,2 % de l’ensemble du réseau, et que ces résultats faux confirment le biais statistique.

L’Uspo dit à peu près la même chose, mais est un peu plus colère. Elle « remet les pendules à l’heure ». « Parler d’enquête alors que l’on fait un relevé dans 40 pharmacies sur les 22 000 et sur un échantillon de 11 médicaments alors que plus de 3 000 références sont concernées n’est pas sérieux, et remet en question toute la crédibilité de cette communication ». Prends ça, Familles Rurales !

Le syndicat ajoute que les médicaments non remboursés vendus en France sont les moins chers d’Europe, de 30 à 40 % par rapport à l’Italie et l’Allemagne, et de 20 % par rapport à l’Espagne et au Portugal. On aimerait tout de même bien voir les chiffres en Europe de l’Est…

Euh... L’Immodium, c’est combien ?

Dans les 40 pharmacies, Familles Rurales à observé d’autres mauvaises habitudes. Toujours sur le thème des prix, les enquêteurs ont remarqué des écarts importants, variant parfois du simple au quadruple. C’est par exemple le cas du Dacryum.

L’association dénonce aussi le manque d’information pour les consommateurs. Dans trois officines sur quatre, les boîtes sont dépourvues d’étiquette affichant leur prix. Et dans plus de 60 % des cas, les pharmaciens ne fournissent pas de ticket de caisse après règlement des achats.

T'ar ta gueule à la récré

Pour mettre les choses au point, la FSPF demande « à rencontrer dès que possible Familles rurales afin d’éviter, à l’avenir, que la méthodologie utilisée ne conduise à de telles contrevérités ». Ça sent un peu l’intimidation…

Mais bizarrement, les syndicats qui sont rapidement montés dans les tours sur le prix moyen des 11 médicaments se sont bien gardés de discuter les autres points. Ils sont pourtant peut-être un peu plus parlants, compte-tenu de la taille de l’échantillon.

(1) La Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France. 

(2) L'Union des Syndicats des Pharmaciens d'Officine.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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