Le plan choc d’Agnès Buzyn pour réduire le trou de la Sécu

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L'hôpital devra redoubler d'efforts...

Le plan choc d’Agnès Buzyn pour réduire le trou de la Sécu

La ministre de la Santé veut à son tour réduire le déficit de la Sécurité sociale. Les mesures annoncées impliquent un effort considérable pour l’hôpital. 

Boucher le trou de la Sécu : les ministres de la Santé en rêvent tous. Fin 2016, Marisol Touraine avait annoncé la disparition des dettes vertigineuses de la Sécurité sociale, avec un budget à l’équilibre du régime général prévu pour 2017. Un an plus tard, la situation est un peu plus complexe que cela, et la nouvelle locataire de l'avenue Duquesne (Paris) doit à son tour jouer les apothicaires.

Dans le JDD ce dimanche, Agnès Buzyn a annoncé un package de mesures visant à réduire le déficit de la Sécurité sociale, qui demeure colossal – quatre milliards d’euros. Selon elle, « 30 % des dépenses de l'Assurance Maladie ne sont pas pertinentes », assure-t-elle, alors que l’Assemblée examine le PLFSS 2018 depuis lundi. Il faudra prendre des décisions dont elle sait toute « l’impopularité », prévient-t-elle, en plaçant sa garde et attendant les uppercuts.

Le forfait hospitalier augmentera

C’est dit ! Le couperet va tomber sur l’hôpital, dont les tarifs sont demeurés inchangés depuis 2010. Le forfait hospitalier augmentera de deux euros pour passer à 20 euros, a annoncé la ministre. En revanche, la tarification à l’acte devrait bientôt appartenir au passé. Agnès Buzyn veut des expérimentations sur le territoire afin de modifier le financement des hôpitaux et d’aller vers un système qui intègre davantage dans les forfaits le parcours de soins du patient.

Concrètement, le gouvernement va « créer des modes de tarification centrés sur la pertinence des soins. (…) Les établissements se verront octroyer un bonus, un intéressement dès lors qu’ils répondront aux objectifs de qualité, de pertinence et d’efficience des soins ».

L’ambulatoire, c’est l’avenir

Le gouvernement précédent avait déjà engagé le virage de l’ambulatoire ; le nouveau poursuit clairement cette direction. Agnès Buzyn estime ainsi qu’il y a des « marges de manœuvre » importantes à l’hôpital et que l’on peut économiser « sans toucher à l'égalité des chances ».

Des fermetures de lits « qui ne servent à rien » sont à prévoir, ainsi que des réorientations. Au total, les économies sur l’hôpital devraient atteindre 1,46 milliard d’euros, selon des calculs que n’apprécie guère la FHF. Dès lundi, la Fédération a réagi en expliquant que « l'hôpital ne doit pas porter seul tous les efforts d'économie ».

Effort collectif 

Bon, ceci dit, l’hôpital n’est pas le seul à devoir serrer d’un cran (ou deux…) sa ceinture. Environ sept millions de retraités sont mis à contribution pour ce plan d’économies, qui prévoit une augmentation de 1,7 points de la CSG, taxe qui finance la protection sociale. Mesure éminemment impopulaire, à laquelle s’ajoute l’éventuelle fin de l’universalité des allocations familiales, mais contrebalancée par quelques gages données aux ménages et aux médecins.

Le périmètre des déserts médicaux sera ainsi élargi. Dans ces zones, le gouvernement offrira une compensation financière aux courageux médecins qui s’y s'installeront. Pour le reste des Français, les lunettes et les prothèses auditives et dentaires seront bien remboursées à 100 % d’ici la fin du quinquennat (voire d’ici un an), et le tiers payant entrera en application, mais plus tard que prévu, le dispositif n’étant pas encore au point, techniquement parlant. Les fumeurs et les buveurs de soda sont aussi appelés à l’effort national, eux qui verront le prix de leur péché mignon augmenter – mais plutôt pour leur santé que pour boucher le trou de la Sécu, assure le ministère. 

Source:

Ana Martel

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