Le médecin malgré eux

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Le médecin malgré eux

Mal venus chez les Ch'tis: l'installation lente et difficile d'un médecin zaïrois et de sa famille, en 1975, dans un village français où le beat est bon mais ses habitants moins...

Ce film étant avant tout la déclaration d'amour d'un fils, l'infirmier-rappeur Kamini, à son père, on serait curieux de lire le scénario original écrit par celui-ci, c'est-à-dire avant qu'il soit remanié, ripoliné et "danyboonisé" par des script doctors bien franchouillards. 

Car c'est bien le scénario qui gêne dans ce film généreux, auquel on hésite à accoler l'épithète de comique tant les situations décrites sont violentes. Il est ici question du calvaire d'un médecin étranger pour s'installer en France, à une époque où les déserts médicaux n'étaient pas si fréquents. Orphelin, Seyolo veut offrir un avenir à ses enfants, rêve de s'affranchir d'une mère patrie corrompue et sanguinaire et, après obtention d'un diplôme de médecine français, est prêt à tout pour obtenir la nationalité. A tout, même à s'installer dans un trou perdu auquel il pense apporter ses compétences, mais qui le rejette massivement. S'il est toléré au bistro, pas question que ses mains noires de marabout examinent la peau bien blanche des habitants.

Le film est censé raconter la greffe qui prendra peu à peu entre une famille "indigène" et un village bien français. Un brin longuet bien que sa fin soit précipitée, il n'arrive pas à nous plonger au coeur de cette greffe. Car s'il est plein d'amour pour la famille Zantoko - bien servie par quatre comédiens terriblement attachants -, tout juste esquisse-t-il, de façon assez brouillonne, cette France profonde et raciste. Même du "bon" paysan, joué par un Rufus en voie de formolisation, on ne connaîtra rien. La faute à un probable bon coup de bistouri dans un scénar faiblard. Du coup, on ne pourra dépasser le stade du mépris pour ce village qui finira pourtant par aduler "son" médecin. Dommage...

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