Le graal du Big Data bientôt à la portée des oncologues américains

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CancerLinQ, le « google des oncologues »

Le graal du Big Data bientôt à la portée des oncologues américains

Le big data vient à la rescousse des oncologues américains. Grâce à un nouveau réseau baptisé CancerLinQ, ils seront bientôt capables de choisir le meilleur traitement en se fondant sur les données de millions de patients.

 

CancerLinQ est en quelque sorte le graal du Big Data en médecine. Jugez plutôt : une base de données de centaines de milliers de patients – plusieurs millions à terme –, librement interrogeable en temps réel et calibrée pour servir d’aide à la décision médicale. CancerLinQ se veut le « google des oncologues » : un point d’entrée naturel pour le médecin en consultation.

C’est la puissante Association américaine d’oncologie médicale (Asco) qui a lancé le projet en 2010. Un prototype, mis au point sur la base de 170 000 dossiers de patients atteints de cancers du sein, a été présenté au congrès de l’Asco 2015, devant un parterre d’oncologues enthousiastes. Car le système a pour ambition d’aider le médecin à choisir le meilleur traitement en fonction du profil de son patient.

La cancérologie donne mal à la tête

CancerLinQ est une tentative de réponse à la complexification croissante du champ de l’oncologie. Grâce aux progrès de la recherche et des outils génétiques, le nombre de cancers identifiés a explosé, de même que les types de traitements à disposition : thérapies ciblées, hormonothérapies, immunothérapies… L’oncologue masochiste qui voudrait suivre l’ensemble des publications médicales devrait y passer plus de 150 heures… par semaine !

Par cette initiative, l’Asco vise par ailleurs à dépasser l’horizon de l’essai clinique comme source unique d’information pour le praticien. Une source très partielle, puisque 97 % des patients n’intègrent jamais d’essai clinique. Or ces patients négligés par la recherche sont en moyenne plus âgés et en moins bonne santé, avec des maladies annexes comme le diabète et l’hypertension. Il existe donc une mine de donnée à exploiter pour mieux adapter les traitements à la population réelle.

Q comme Qualité

CancerLinQ signifie learning information network for quality, qu’on peut traduire par « réseau informatique d’apprentissage pour la qualité ». Concrètement, la base de données sera alimentée par les dossiers médicaux partagés par les centres de soins volontaires. Les données ainsi récoltées seront anonymisées et agrégées pour servir d’aide à la décision médicale et à l’évaluation de la performance clinique.

Dans sa première version, prévue dans quelques mois, CancerLinq doit ainsi offrir la possibilité aux oncologues d’interroger et synthétiser les données disponibles en temps réel, par exemple sur les mérites comparés de traitements au sein d’un groupe de patients. Le système définitif, à l’horizon 2020, intégrera les recommandations nationales en matière de prise en charge du cancer.

Big data et cancer, un couple d’avenir

Pour mener à bien ce projet titanesque, l’Asco s’est associée à l’éditeur de logiciels européen SAP et sa plateforme HANA, développée en partenariat avec IBM. La célèbre société américaine est par ailleurs à l’origine de Watson for Oncology, le système d’intelligence artificielle en test dans plusieurs centres de cancérologie américains afin d’analyser la littérature médico-scientifique.

Domaine phare de la recherche biomédicale, la cancérologie produit une masse de données colossales. À terme, il y a fort à parier que seuls les systèmes d’apprentissage seront en mesure de traiter efficacement toutes ces informations. L’histoire d’amour entre cancer et big data ne fait que commencer.

Source:

Yvan Pandelé

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