L'AP-HP s'engage à réduire les achats de médicaments, consommables et dispositifs médicaux, première cause de son empreinte carbone

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Le secteur du soin représente plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’AP-HP, a indiqué l’institution qui a présenté son plan de décarbonation visant à réduire de 2,17% ses émissions pour 2024. 

 

L'AP-HP s'engage à réduire les achats de médicaments, consommables et dispositifs médicaux, première cause de son empreinte carbone

© Midjourney x What's up Doc

Près de deux millions de tonnes de CO2 rejetées, soit environ 312 kg par journée d’hospitalisation, c’est le bilan carbone de l’AP-HP sur l’année 2022, rendu public hier.

Un calcul méthodologique « minutieux » rendu possible par « la pleine motivation des équipes, à tous les niveaux de l’institution », selon Nicolas Revel, directeur général de l’AP-HP.

Le code de l’environnement rend en effet obligatoire la réalisation d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES), actualisé tous les trois ans pour toute structure publique de plus de 250 agents. 

La majorité des émissions de GES de l’AP-HP (toutes structures confondues) proviennent de ses activités de soin (58%). On y retrouve notamment les achats de médicaments (33%), les consommables de laboratoire (14%) et dispositifs médicaux (7%), la consommation de gaz anesthésiques (2%) et les produits à usage unique (2%). 

L’institution ambitionne de réduire ses émissions de 2,17% pour l’année 2024, afin de se rapprocher des préconisations gouvernementales sur le secteur hospitalier, fixées à -2,5% par an. 

« Estimer » l’empreinte des équipements 

Pour ce faire, elle a présenté sa stratégie de décarbonation qui s’articule autour de deux axes. D’une part, la prévention, qui passe par la diffusion de campagnes de sensibilisation, la création d’une plateforme de partage des bonnes pratiques et la constitution de groupe de travail interprofessionnels. 

 D’autres part, le suivi des émissions, via Carebone®, un outil créé par l’AP-HP et mis à disposition des six groupements hospitalo-universitaires (GHU) qui la composent.

Il permet aux équipes soignantes d’estimer l’empreinte carbone du matériel qu’elles emploient, et de transformer leurs pratiques en fonction. 

« La mise en place d’un tel outil dans les services d’anesthésie-réanimation a permis de rendre visible la surconsommation » et de déterminer ce qui peut être réduit, explique la Dr Sonia Cerceau-Delaporte, anesthésiste-réanimatrice et co-présidente de la commission développement durable de l’AP-HP.

« L’objectif c’est de disséquer le parcours du patient, pour déterminer les pistes d’amélioration sans entraver la qualité du soin », explique quant à lui le Pr Armand Mekontso, chef de service de médecine intensive à l’hôpital Mondor, et président du comité développement durable du GHU Mendor. 

Pour lui, « l’aspect essentiel de la prise en charge c’est son caractère individualisé », ce qui constitue également une difficulté dans l’autonomisation des pratiques, chaque parcours de soin étant différent.

40 % du matériel jeté en fin de journée

Du côté des équipes médicales de l’AP-HP, on fait de « la juste utilisation et (de) la juste prescription », le leitmotiv de ce nouveau paradigme. 

Et cela concerne en premier lieu la gestion des stocks : « au bloc, 40% du matériel utilisé est jeté à la fin de la journée », explicite la Dr Delaporte-Cerceau. Optimiser l’utilisation du matériel médical est donc essentiel, puisqu’elle représente à la fois un enjeu environnemental et financier. 

L’AP-HP vise ainsi une diminution annuelle de 2,3% de la quantité de médicaments, comme de dispositifs médicaux, pour lesquels l’institution va encourager la réutilisation. 

Cela nécessite de modifier la gestion des stocks d’approvisionnement, mais également de s'intéresser à la composition des équipements.  

Par exemple, « le plus gros de l’empreinte carbone d’une seringue trois pièces type BD Plastipak est due au processus de fabrication », selon Inès de Mesoncelle, cheffe de projet Empreinte Carbone à l’AP-HP. 

« Il y a donc tout un travail de sondage et de comparaison à faire du côté des fournisseurs », abonde Sonia Cerceau, gardant en tête qu’il « faut prendre avec précautions les données fournies » par ces derniers.  

Enfin, l’optimisation de la consommation des gaz anesthésiques figure également parmi les mesures clés de la feuille de route de décarbonation de l’AP-HP.  D’un côté, le desflurane – dont l’utilisation par inhalation sera interdite dès 2026 dans les pays de l’UE – va progressivement être abandonné au profit du sevoflurane, gaz moins polluant. 

De l’autre, l’institution ambitionne de diminuer le volume annuel du protoxyde d’azote consommé à hauteur de 12%, en adpatant le débit de ventilation. 

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De manière générale, la stratégie de l’AP-HP en matière de décarbonation des soins repose globalement sur une adaptation des prescriptions (examens, médicaments). Et « il faut avant tout faire preuve de prophylaxie, afin d’éviter des admissions futures », ce qui représente un double-avantage, à la fois pour l'environnement et pour le patient.

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