Infirmière poignardée : une minute de silence refusée à l’Assemblée nationale

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La députée Caroline Fiat (LFI) désirait rendre hommage à l’infirmière mortellement poignardée par un patient à travers une minute de silence à l'Assemblée nationale. Une demande refusée par Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale. Un refus qui a choqué des professionnels de santé sur les réseaux sociaux.

Infirmière poignardée : une minute de silence refusée à l’Assemblée nationale

La vidéo a fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis hier après-midi. Ce mardi 19 février, la députée La France Insoumise, Caroline Fiat, a pris la parole dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour rendre hommage à l’infirmière de 30 ans (mère de deux jeunes enfants) mortellement poignardée par un patient au centre hospitalier nord Deux-Sèvres, le jeudi 13 février. Un nouveau drame qui pose évidemment la question du manque de moyens pour l’hôpital public et la psychiatrie…
 
« Dès qu’un fonctionnaire d’État décède dans l’usage de ses fonctions, il est d’usage de lui rendre hommage par une minute de silence dans cet hémicycle, a déclaré Caroline Fiat. Grande surprise ce matin, pour ne pas dire stupéfaction, à la conférence des présidents, vous avez refusé, Mr le président, notre demande de rendre hommage avec une minute de silence à cette infirmière tuée dans l’exerce de ses fonctions. »
 
La députée propose alors, avec son groupe, d’observer une minute de silence en hommage à cette soignante pour le temps restant de son intervention. Les députés de son groupe commencent à se lever tour à tour, comme s'ils s'apprêtaient à observer la minute de silence, avant d’obtenir une fin de non-recevoir de Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale :
 
« Mme Fiat, nous sommes tous sensibles à l’émotion provoquée par le drame que vous venez d’évoquer, mais ainsi que je l’ai indiqué au président de votre groupe, l’usage limite la pratique des minutes de silence à des cas exceptionnels et solennels, et il ne peut y avoir dans cet hémicycle des minutes de silence à l’initiative d’un député ou d’un groupe. »

Dans la foulée, Caroline Fiat a twitté : « Le Président de l'Assemblée nationale me retire la parole ! Ce refus n’honore pas notre Assemblée. » Tandis que le collectif Pinel en lutte (Centre Hospitalier Philippe Pinel d'Amiens) a considéré, que, à l’Assemblée nationale, « la vie d'une #infirmiere vaut moins qu'une sextape, on est au-delà de l'immonde !!! » Et d’ajouter que « La #FonctionPublique crève de votre indifférence ».

Quant au Dr Jérôme Marty, le président de l’UFMLS, il s’est fendu du tweet suivant : « Doit-on comprendre dans les mots de Richard Ferrand qu’il y a trop de suicides de soignants ce qui retire l’exceptionnalité du fait ? »

Par ailleurs, la députée Stéphanie Rist (LREM), qui est également médecin rhumatologue, a été interpellée par le Dr Gérald Kierkez sur Twitter : « J’aurais aimé te voir en tant que collègue soutenir l’initiative et l’hommage ». Réponse de l’intéressée : « Mais il y’a un règlement à l’assemblée et le respecter est important et tu connais mon attachement important pour les soignants pour considérer que je ne m’associe pas à cette peine ! »
 

De son côté, le député François Ruffin a réagi de la façon suivante sur Twitter : « Lorsqu'un policier, un pompier, décède à son travail, les députés lui rendent hommage. Ma collègue @CarolineFiat54 a proposé d'observer une minute de silence. Richard Ferrand a préféré user de son droit à la parole. »

L’hommage n’aura donc pas eu lieu à l’Assemblée nationale, mais il a aura bel et bien lieu ce jeudi 20 février à 14h30, jour des obsèques de l’infirmière, au CH Nord Deux-Sèvres.

D’ici là, les professionnels de santé sont invités à inonder les réseaux sociaux d’un #JESUISELODIE pour soutenir les collègues de la victime, mais aussi sa famille et ses amis.  Quant aux soignants, ils sont invités à afficher un message de soutien aux fenêtres de leur établissement ou de leur cabinet.

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