La vidéo a fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis hier après-midi. Ce mardi 19 février, la députée La France Insoumise, Caroline Fiat, a pris la parole dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour rendre hommage à l’infirmière de 30 ans (mère de deux jeunes enfants) mortellement poignardée par un patient au centre hospitalier nord Deux-Sèvres, le jeudi 13 février. Un nouveau drame qui pose évidemment la question du manque de moyens pour l’hôpital public et la psychiatrie…
« Dès qu’un fonctionnaire d’État décède dans l’usage de ses fonctions, il est d’usage de lui rendre hommage par une minute de silence dans cet hémicycle, a déclaré Caroline Fiat. Grande surprise ce matin, pour ne pas dire stupéfaction, à la conférence des présidents, vous avez refusé, Mr le président, notre demande de rendre hommage avec une minute de silence à cette infirmière tuée dans l’exerce de ses fonctions. »
La députée propose alors, avec son groupe, d’observer une minute de silence en hommage à cette soignante pour le temps restant de son intervention. Les députés de son groupe commencent à se lever tour à tour, comme s'ils s'apprêtaient à observer la minute de silence, avant d’obtenir une fin de non-recevoir de Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale :
« Mme Fiat, nous sommes tous sensibles à l’émotion provoquée par le drame que vous venez d’évoquer, mais ainsi que je l’ai indiqué au président de votre groupe, l’usage limite la pratique des minutes de silence à des cas exceptionnels et solennels, et il ne peut y avoir dans cet hémicycle des minutes de silence à l’initiative d’un député ou d’un groupe. »
Alors que je propose de rendre hommage à une professionnelle de santé assassinée en observant une minute de silence à sa mémoire, le Président de l'Assemblée nationale me retire la parole ! Ce refus n’honore pas notre Assemblée. #DirectAN #psychiatrie #QAG pic.twitter.com/57LxaWJlos
— Caroline FIAT (@CarolineFiat54) February 18, 2020
Dans la foulée, Caroline Fiat a twitté : « Le Président de l'Assemblée nationale me retire la parole ! Ce refus n’honore pas notre Assemblée. » Tandis que le collectif Pinel en lutte (Centre Hospitalier Philippe Pinel d'Amiens) a considéré, que, à l’Assemblée nationale, « la vie d'une #infirmiere vaut moins qu'une sextape, on est au-delà de l'immonde !!! » Et d’ajouter que « La #FonctionPublique crève de votre indifférence ».
Quand à #DirectAN la vie d'une #infirmiere vaut moins qu'une sextape, on est au delà de l'immonde !!! #QAG La #FonctionPublique crève de votre indifférence @blousesnoires @PPUpsy @cause_psy @aupsante @WhatsUpDoc_mag https://t.co/7TgcosZETa
— Pinel en lutte (@pinel_en_lutte) February 18, 2020
Quant au Dr Jérôme Marty, le président de l’UFMLS, il s’est fendu du tweet suivant : « Doit-on comprendre dans les mots de Richard Ferrand qu’il y a trop de suicides de soignants ce qui retire l’exceptionnalité du fait ? »
Doit on comprendre dans les mots de Richard Ferrand qu’il y a trop de suicides de soignants ce qui retire l’exceptionnalité du fait????#honte
Merci @CarolineFiat54 cette demande vous honore et honore votre groupe https://t.co/wWpcKHN7NA— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) February 18, 2020
Par ailleurs, la députée Stéphanie Rist (LREM), qui est également médecin rhumatologue, a été interpellée par le Dr Gérald Kierkez sur Twitter : « J’aurais aimé te voir en tant que collègue soutenir l’initiative et l’hommage ». Réponse de l’intéressée : « Mais il y’a un règlement à l’assemblée et le respecter est important et tu connais mon attachement important pour les soignants pour considérer que je ne m’associe pas à cette peine ! »
Mais il y’a un règlement à l’assemblée et le respecter est important et tu connais mon attachement important pour les soignants pour considérer que je ne m’associe pas à cette peine!
— Stéphanie Rist (@stephanie_rist) February 18, 2020
De son côté, le député François Ruffin a réagi de la façon suivante sur Twitter : « Lorsqu'un policier, un pompier, décède à son travail, les députés lui rendent hommage. Ma collègue @CarolineFiat54 a proposé d'observer une minute de silence. Richard Ferrand a préféré user de son droit à la parole. »
Vendredi, une infirmière a été poignardée à mort par un patient. Lorsqu'un policier, un pompier, décède à son travail, les députés lui rendent hommage. Ma collègue @CarolineFiat54 a proposé d'observer une minute de silence. Richard Ferrand a préféré user de son droit à la parole. https://t.co/5Qy9Z8pIql
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) February 18, 2020
L’hommage n’aura donc pas eu lieu à l’Assemblée nationale, mais il a aura bel et bien lieu ce jeudi 20 février à 14h30, jour des obsèques de l’infirmière, au CH Nord Deux-Sèvres.
Hommage à notre collègue ce Jeudi février à h
Merci à la communauté de tweeter de relayer l'information.
Nous sommes toutes et tous affecté.e.s par ce drame,
1 de trop pour notre profess°. @WhatsUpDoc_mag @LeHuffPost @infirmierscom @RTenfrancais @mel75010 pic.twitter.com/kbBDpBo6Yh— Collectif Inter-Blocs (@CBlocs) February 18, 2020
D’ici là, les professionnels de santé sont invités à inonder les réseaux sociaux d’un #JESUISELODIE pour soutenir les collègues de la victime, mais aussi sa famille et ses amis. Quant aux soignants, ils sont invités à afficher un message de soutien aux fenêtres de leur établissement ou de leur cabinet.
D’ici à Jeudi, jour des obsèques de notre collègue Elodie, tuée dans l’exercice de son métier, inondons les réseaux sociaux d’un #JESUISELODIE
Dans vos services, avec vos blouses, dans votre canapé...partout soutenons ses collègues, sa famille, ses amis!
Nous sommes tous Elodie! pic.twitter.com/AXn8NggYvO— Blouses Noires (@blousesnoires) February 19, 2020