Épisiotomie : Marlène Schiappa s'en prend aux médecins

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« Nous n’acceptons pas d’être fouettés publiquement »

Épisiotomie : Marlène Schiappa s'en prend aux médecins

Jeudi dernier au Sénat, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a accusé les gynécologues et obstétriciens de « violences obstétricales ». La profession est indignée.

Encore une boulette pour le gouvernement d'Emmanuel Macron. Jeudi dernier, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a affirmé lors d’une audition devant la délégation aux droits des femmes du Sénat qu’il y a avait « 75 % d’épisiotomies » en France. La fondatrice et présidente du réseau Maman travaille a précisé à cette occasion qu’elle avait commandé un rapport sur les violences obstétricales. Problème : le chiffre avancé par la secrétaire d’Etat est complètement faux. Ulcérés, les gynécologues et obstétriciens n’ont pas hésité à réagir.

« Madame, vos chiffres sont faux et nous sommes désolés que vous n’ayez pas jugé utile de demander aux professionnels de la naissance des informations qui eussent été documentées », a écrit ce samedi dans une lettre ouverte, le Pr Israël Nisand, président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens français (CNGOF). Plus loin, le président affirme que la dernière évaluation officielle réalisée en 2010 rapportait 27 % d’épisiotomies en France, soit une réduction de moitié depuis le décompte précédent qui était de 55 % en 1998.

La bataille des mots

Mais la bataille entre Marlène Schiappa et le CNGOF ne concerne pas uniquement des chiffres. « Il y a des pratiques obstétricales non consenties avec notamment des violences obstétricales, semble-t-il, particulièrement sur les femmes étrangères, les femmes très jeunes et les femmes handicapées », a avancé Marlène Schiappa.

« Non, madame la secrétaire d’Etat, les obstétriciens ne maltraitent pas leurs patientes et entendent à leur tour ne pas l’être par une secrétaire d’Etat mal informée », rétorque le CNGOF. « Lorsque vous parlez de violences obstétricales, vous maltraitez notre profession dans son ensemble », ajoute-t-il.

Une spé’ en souffrance

Contacté par la rédaction de WUD, le Pr Israël Nisand assure que la profession est « indignée ». « Nous n’acceptons pas de nous faire fouetter publiquement avec des chiffres faux et des termes comme "maltraitances obstétrical" », dénonce-t-il. « Mme Schiappa n’a consulté aucun spécialiste de la discipline. »

Selon lui, cette allocution de la secrétaire d’Etat « casserait l’image d’une profession qui n’a pas démérité ». « Notre profession accouche 800 000 femmes par an dans la sécurité malgré les restrictions budgétaires terribles que nous subissons », explique le Pr Israël Nisand. « Nous n’avons plus suffisamment d’infirmières et d’aides-soignantes. Lorsque nous accouchons une femme à 3h du matin, nous sommes seuls. Voici la vraie maltraitance », poursuit-il. 

Quant au CNOM, il a soutenu mardi le CNGOF. L'institution s’interroge sur « une accusation qui ne semble être corroborée par aucune étude publiée à ce jour ». Il craint, par ailleurs, que « ces propos, qui semblaient mal documentés, aggravent la défiance des femmes envers le corps médical dans son ensemble et découragent de possibles vocations pour des spécialités médicales aujourd’hui en souffrance en termes démographiques ».

Depuis, la secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes a tenté d’apporter des explications au fameux « 75% d’épisiotomie pratiqués en France » en revoyant son chiffre à la baisse. Mais sans excuse de Marlène Schiappa, pas sûr que cela suffise à calmer les médecins…

Source:

Im`ene Hamchiche

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