EMA : le maire de Milan refait le match

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Il la joue à l’italienne

EMA : le maire de Milan refait le match

Les Italiens n’acceptent pas le choix d’Amsterdam – au tirage au sort – comme futur siège de l’Agence européenne du médicament (EMA). Ils ont posé un recours pour l'annuler, et souhaitent une décision sur tapis vert.

« Les Hollandais ne l’ont pas joué propre ». Le maire de Milan, Giuseppe Sala, ne se remet pas de la défaite de sa ville en finale contre Amsterdam. Elle vient peut-être ressasser les mauvais souvenirs de la défaite du grand Milan AC dans les dernières minutes en finale de le Ligue des champions 1995, contre les jeunes de l’Ajax d’Amsterdam.

Cette fois, la finale qui passe mal est celle qui a vu le couronnement de la ville hollandaise pour le siège de l’EMA, à pile ou face – le vote des pays européens ayant abouti à un match nul. Mais Giuseppe Sala n’a pas dit son dernier mot ! Ce mardi, il a réuni en urgence son équipe pour valider le dépôt d’un recours visant à annuler le transfert des locaux, dans les dernières secondes des arrêts de jeu.

Simulation !

Le maire de Milan s'oppose au choix de la ville néerlandaise, dont le dossier était, estime-t-il avec le recul, malhonnête. « Il est temps d’être agressif ». Avec un bon tacle au niveau du genou. Le futur siège ne sera en effet pas prêt à temps pour accueillir les employés de l’EMA en provenance de Londres, siège actuel. Date limite : celle du Brexit, le 29 mars 2019.

Amsterdam a annoncé qu’un bâtiment ne serait pas achevé, et qu’une partie des employés seraient reçus dans des locaux temporaires. Une information qu’Amsterdam aurait visiblement dissimulée, d’après M. Sala, et qui justifierait le recours.

Sur Twitter, il a ajouté que du côté de Milan, la tour Pirelli serait, elle, belle et bien prête en temps voulu. Les joueurs politiques italiens se sont également transformés en supporters : dans la nuit suivant les déclarations, le gratte-ciel a arboré un tifo de lumière. « EMA a Milano », soit  « L’EMA à Milan ».


Source : @alice_borsani

Appel à la commission arbitrale

Selon toute vraisemblance, la ville de Milan devrait attaquer la décision devant une jurudiction luxembourgeoise. « C'était quelque chose que j'avais en tête depuis longtemps. La situation était déjà floue. Maintenant, nous avons toutes les raisons d'y aller », a expliqué son maire.

La Cour de justice européenne sera quant à elle sollicitée par l’État transalpin, qui s’est rallié à la cause. Les Italiens attaqueront sur l’illégitimité du tirage au sort entre une ville qui a respecté les exigences de la compétition – la leur –, et une autre qui a dissimulé ses difficultés, a déclaré Massimo Condinanzi, professeur de droit spécialiste de l’Union Européenne, qui a travaillé sur l’appel.

« Pour être sincères, les chances d'une réaffectation du siège à Milan ne sont pas très élevées et il ne sera pas facile de récupérer cette situation, mais nous devons essayer », a déclaré Giuseppe Sala.

Il est tout de même soutenu par le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, qui en appelle au Parlement européen. Ce n’est finalement peut-être pas uniquement un baroud d’honneur de mauvais perdant, comme ce fut le cas pour la candidature française de Lille. Il y a sans doute des intérêts de politique intérieure en arrière-plan, à moins de deux mois des élections générales en Italie.

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Les instances européennes n'ont pas tardé à réagir. Moins de 24 heures après les déclarations italiennes, Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen chargé de la santé, a mis le but du K.O. « Je vais être aussi clair que possible : la décision du conseil est arrêtée », a-t-il déclaré, faisant au passage remarquer la proximité des élections italiennes...

Crédits photo : capture d'écran l'Equipe.fr

Source:

Jonathan Herchkovitch

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