#DocteurGreen - Stationnement à Paris : fin d’un privilège médical ?

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Les médecins invités à lutter contre la pollution automobile

#DocteurGreen - Stationnement à Paris : fin d’un privilège médical ?

La mairie de Paris a modifié les conditions auxquelles les professionnels (y compris de santé) pouvaient garer leur véhicule dans la capitale. Les médecins mettent en avant les spécificités de leur métier pour obtenir une dérogation. Sans succès pour l’instant.

 

Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais depuis près d’un an, les médecins de la capitale sont en guerre contre la mairie de Paris. Le casus belli n’est pas le prix du foncier ou la permanence des soins. C’est… le stationnement automobile. Dans le cadre de la réduction de la place de la voiture dans la ville, les autorités municipales ont en effet décidé de modifier les conditions auxquelles les professionnels (pas seulement de santé) peuvent garer leur véhicule.

Un surcoût de 2000 euros par an ?

« Auparavant, une certaine tolérance s’appliquait pour les médecins : on payait une unité et on était tranquilles pour la journée », explique le Dr Jean-Jacques Avrane, président de l’Ordre parisien. Au lieu de cela, les médecins doivent désormais souscrire une carte « professionnel mobile » d’un coût de 240 euros par an, et s’acquitter de 50 centimes d’euros par heure de stationnement.

Inacceptable pour Jean-Jacques Avrane, qui estime le surcoût pour les praticiens à « 1500 ou 2000 euros par an ». Malgré les demandes répétées de What’s up Doc, l’ordinal n’a toutefois pas voulu préciser le calcul par lequel il avait abouti à ces chiffres. « Alors que les médecins ont du mal à s’installer en libéral, la mairie de Paris augmente leurs charges », préfère-t-il s’insurger.

Pas d’avantage sur la base d’un simple statut

Bien sûr, du côté de l’Hôtel de Ville, on voit les choses d’une toute autre manière. « J’ai demandé à la Caisse d’assurance maladie un état de la situation », déclare le Dr Bernard Jomier, adjoint à la maire chargé de la santé et accessoirement généraliste dans le 19e arrondissement de la capitale. « Il ressort que sur les 24 000 médecins parisiens qui disposent d’un caducée, environ 900, presque tous des généralistes, effectuent plus de 50 visites à domicile par an ».

Pour ces 900 médecins, l’édile se dit prêt à maintenir ce qu’il appelle « un système de quasi-gratuité ». Mais il déplore que l’Ordre parisien « refuse de faire la moindre distinction en fonction du mode d’exercice des praticiens ». Or, pour lui, les choses sont claires : « Maintenir un avantage sur la simple base d’un statut n’est pas acceptable à un moment où l’on doit réduire la place de la voiture dans la ville pour des raisons de santé publique ».

Les accouchements en vélo ?

Des propos qui font bondir Jean-Jacques Avrane. « La mairie s’en tient au cas de figure des visites à domicile », proteste-t-il. « Mais que fait-il du gynécologue qui doit faire des accouchements dans trois cliniques parisiennes dans la journée ? Il y va en vélo ? »

Bernard Jomier se dit prêt à revoir le nombre de médecins qui ont véritablement besoin de leur véhicule dans le cadre de leur exercice. « Si on m’explique qu’il n’y en a pas 900, mais 1200 ou 1300, on peut discuter », affirme-t-il. Mais il faudra justifier de cette nécessité, preuves à l’appui.

Discussion bloquée

Une discussion à laquelle Jean-Jacques Avrane ne semble pas prêt. « Il y a aussi les  médecins qui n’habitent pas sur leur lieu de travail et qui y vont en voiture, les médecins hospitaliers qui ne peuvent plus se garer à l’hôpital », argumente-t-il. Autant de situations que la mairie se refuse à considérer comme différentes de celles d’autres professions.

Exercer ou conduire, faudra-t-il choisir ?

Source:

Adrien Renaud

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