C’est un jardin extraordinaire

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Des bienfaits de la mise au vert

C’est un jardin extraordinaire

L’influence des végétaux sur la santé des patients et sur le moral du personnel est un sujet relativement méconnu. What’s up Doc fait le point. Premier volet : les jardins.

 

Imaginez un hôpital. Le jardin n’est probablement pas ce qui vous vient en premier à l’esprit. Et pourtant, historiquement, les jardins avaient une place très importante dans les hôpitaux. Du temps des hospices, il fallait être le plus autonome possible : un jardin peut fournir des fruits et légumes, mais aussi des plantes médicinales.

Le mouvement hygiéniste du 19e siècle a également été favorable à la verdure à l’hôpital, avec la création de pavillons séparés par pathologies et de bâtiments collectifs lumineux, aérés et ouverts sur des espaces verts. « L’idée des hygiénistes était que l’homme peut être régénéré par la nature », explique Anne Monjaret, ethnologue et sociologue, directrice de recherches au CNRS. Au fil du temps, pour des raisons économiques et pratiques, les jardins se sont réduits à quelques parterres de fleurs et pelouses interdites d’accès. Des parkings et des bâtiments administratifs les ont remplacés.

C’est un jardin… thérapeutique

Certains médecins se sont pourtant penchés sur l’utilité des jardins au sein des centres de soins. Le Dr Thérèse Jonveaux, neurologue, est au cœur d’un projet au centre Paul Spillman (CHU de Nancy), où elle est chef de service du pôle gériatrie. « J’ai travaillé dans différents endroits, avec des architectures et des rapports aux espaces verts différents », raconte-t-elle. « J’ai constaté que les comportements des patients ayant des troubles cognitifs changeaient selon leur environnement. C’était un constat empirique, mais en cherchant, j’ai trouvé d’autres observations et études allant dans ce sens. »

En 2007, elle a donc lancé son projet d’aménagement d’un jardin thérapeutique, après une analyse des besoins et des attentes des patients, de leurs familles, et de l’équipe soignante. Il s’agissait de créer un espace qui soit à la fois un lieu de détente et de stimulation sensorielle, intellectuelle et physique pour les patients. Elle s’est associée à Reinhard Fescharek, sculpteur et médecin, dont la double approche a été d’après elle l’un des facteurs de réussite de l’entreprise.

Passage des saisons et protocoles de recherche

« Le jardin est ouvert 24 heurs sur 24, et les patients qui déambulent y trouvent un vrai réconfort, surtout la nuit », explique la praticienne. « De plus, le passage des saisons est visible dans un jardin, et donne des repères temporels. Nous avons aussi fait en sorte qu’il soit balisé par des éléments décoratifs pour faciliter l’orientation dans l’espace. »

Des protocoles ont été mis en place dès l’ouverture pour évaluer les effets du jardin sur les patients et le personnel. Les premiers résultats montrent une augmentation des visites, et plus particulièrement celles d’enfants jeunes, ainsi qu’une réduction des médicaments anxiolytiques et sédatifs utilisés. Une étude est justement en cours pour évaluer les bénéfices cognitifs pour les patients Alzheimer. L’effet sur les soignants sera également évalué par la réduction des cas de burnout.

Bref, il semble bien que pour notre propre bien-être, nous devions « cultiver notre jardin ». Voltaire n’aurait pas dit mieux.

Lisez aussi le second volet de cette enquête, et vous aussi amenez de la verdure dans votre espace de travail !

Source:

Sarah Balfagon

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